Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

vendredi 29 janvier 2016

Tongariro, ambiance lunaire

Rédiger un blog de voyage est un plaisir, celui de partager ce qu'on vit avec ceux qui sont restés en France; en même temps, l'alimenter prend énormément de temps, un temps que je ne peux passer à savourer justement tout ce que je vis. Alors, que faire? Argl, pourquoi les journées n'ont-elles que 24 heures??? Je suis de nouveau face à ce dilemme: alors même que je suis au Japon depuis une semaine, je rédige encore sur la Nouvelle-Zélande... Dernier article, promis juré!!

C'est donc l'expérience du Tongariro Alpine Crossing, une randonnée d'un jour - environ huit heures - autour de volcans sur l'île du Nord, classée par les dix plus belles randos d'un jour au monde... Lorsque la météo le veut bien, ce qui n'est pas garanti en Nouvelle-Zélande, où l'on peut vivre les quatre saisons en un jour. Et sur le Tongariro, les saisons sont extrêmes... Pendant deux jours, toutes les randonnées avaient été annulées en raison du mauvais temps, aucune navette pour s'y rendre (en Nouvelle-Zélande, tout est extrêmement bien organisé, navettes, bus, tout est là pour permettre aux randonneurs de faire la traversée sans avoir besoin de deux voitures pour les points de départ et d'arrivée. Et si vous ratez le dernier bus, pas d'inquiétude, tout est prévu. La preuve:


"Bus tu as raté; frustré tu dois être. Zut! Je fais quoi maintenant?" Voyage dans sac à dos difficile a été, document très abîmé de ceci il résulte, mes excuses je présente...


Nous nous sommes retrouvés donc toute une tripotée pour faire la traversée, en comptant les frustrés des deux jours précédents. Le secteur est actif: à l'entrée, un panneau indique la conduite à tenir en cas de dégagement de fumées toxiques ou de coulée de lave.

L'expérience est très particulière, un monde où l'humain, voire la vie, n'a pas sa place: brouillard épais, paysage hostile, lunaire, froid pénétrant- enfin, pas pour tout le monde; une jeune fille a fait toute la montée en débardeur alors que d'autres portaient des gants, des bonnets, et que j'ai d'ailleurs regretté de ne pas en avoir. La jeune fille a ri: "J'ai trop chaud avec la montée pour ressentir le vent!" Bigre... Une vraie kiwi, à ne pas craindre le froid, habitués qu'ils sont au temps changeant du pays.

En haut, des rafales de vents vous déstabilisant au sommet de la randonnée, alors même qu'un cratère à pic est sous votre nez. J'ai compris pourquoi la traversée est interdite lorsque le temps est mauvais; un auto-stoppeur allemand nous avait raconté, à Susan et moi, qu'il avait été obligé de marcher à quatre pattes au sommet tant le vent était violent, et qu'il avait eu la peur de sa vie en pensant que le vent le pousserait vers la cratère - éteint heureusement celui-ci, mais un sacré trou quand même.












Quant à mon espoir de voir Mordor, l'antre de Sauron dans le Seigneur des Anneaux - c'est-à-dire le Mont Ngauruhoe - j'en ai été pour mes frais, caché que le sommet était dans la purée de pois.

Le brouillard et les nuages ont accepté cependant de se déchirer en milieu de journée, nous offrant la vision des Emerald lakes (lacs émeraude) et du Blue lake (lac bleu), des pics déchiquetés, de cet univers de roche rouge et grise, restant de chaudron infernal. Le troisième des lacs émeraude était saisissant, presque fluorescent tellement sa couleur est intense.







La randonnée en elle-même n'est pas très dure; là encore, l'organisation kiwie est passée par là et le chemin est large, des pontons de bois évitent de marcher sur les milieus fragiles et/ou difficiles. Et hormis le sommet de la randonnée, il n'y a pas de pentes très fortes. Non, ce qui le rend difficile, c'est le temps. En redescendant, nous avons pu voir le résultat des deux jours de pluie: la forêt était ravinée par les coulées de boue et sur une partie du sentier il est déconseillé de s'arrêter en raison des risques de coulées.








Il était d'ailleurs très intéressant de voir combien ces conditions météo étaient affrontée de façon très variable: cela allait des pros équipés comme pour de l'alpinisme aux shorts, t-shirts et tennis de ville. Ce jour-là, tout s'est bien passé, mais le gérant du backpackers me racontait que régulièrement les secours doivent intervenir pour des gens sous-équipés en hypothermie ou déshydradation, ou qui se sont perdus car ils ont entrepris la rando par mauvais temps...

La randonnée est magnifique, oui, mais ce que je retiens de mes deux jours là-bas, c'est le jour où, pour me balader dans les alentours, j'ai fait du stop et j'ai fait trois belles rencontres: Hiné, une très élégante Maori ayant travaillé pour l'OCDE à Paris et qui, ayant du temps devant elle et moi aussi, m'a emmenée visiter les environs en me parlant de la situation des Maoris en Nouvelle-Zélande - pas idéale, certes, mais autrement mieux que celle des Aborigènes d'Australie ou es Amérindiens, les problèmes de chômage, acculturation, alcoolisme, y sont bien moindres et les jeunes générations arrivent aujourd'hui un peu plus à aller jusqu'à l'université -; un vieux monsieur qui, malgré les 350 kilomètres qu'il avait à faire, a pris le temps de s'arrêter à un point de vue pour me montrer et m'expliquer la région; puis enfin un accueil à grand coup de léchouilles et de dandinement joyeux par Tau, un berger australien dont le propriétaire, mon troisième chauffeur, a sa fille qui fait du wwoofing en Europe.


Les gens: oui, c'est vraiment ce qu'il y a de plus génial en Nouvelle-Zélande...


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