Eh bien
voilà, j’avais écrit un article tout joyeux intitulé « Les poulets
découvrent la liberté », mais je n’avais pas encore eu le temps de le
poster. Et les aléas de la vie dans une ferme m’ont rattrapée : en deux jours, 200 poulets sont morts, en raison d’une frénésie de picage entre les
poules et eux. Cela a été deux dures journées.
Je vais donc
les raconter en deux temps ; le joyeux, que j’avais déjà écrit, et le
moins joyeux. Et en photo il n’y a pas grand-chose, parce que des poulets morts
ou blessés, bof, et de toute façon dans ces moments-là on a des choses plus urgentes à
faire que de photographier.
Episode 1 « Les
poulets découvrent la liberté »
Mercredi
matin, après une météo couci-couça, c’était la première journée de grand et
franc soleil. Du coup, les poulets ont eu droit à leur première journée dehors
au grand air. On a ouvert grand les portes de la grange et ils sont restés
plantés comme des idiots dans leur grange. « Ouh, là-bas je ne connais
pas, on sait jamais, c’est dangereux… » Finalement, les humains, nous ne sommes pas tellement
différents des poulets…
Bref, on a
eu beau essayer de les pousser dehors -
gentiment, hein, sinon ils se grimpent les uns sur les autres tellement
ils ont la trouille – à peine on menait une rangée vers l’extérieur que les
autres refluaient dedans. A la fin de la journée, quelques petites dizaines
d’aventuriers s’étaient bien risqués dehors et se doraient au soleil, mais pour
les 2865 autres, l’idée n’était toujours parvenue jusqu’à leur cervelle.
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Tentative d'Alexandre de faire sortir les poulets. Le lendemain, il faudra au contraire les persuader de rentrer le soir. Quand on a pris goût à la liberté, hein... |
Jeudi matin,
rebelote, la volaille de nouveau glougloutant avec incertitude devant la
liberté qui s’offrait à elle. On les a eus par la faim : rien dans les
mangeoires intérieures, n’avaient qu’à se bouger le croupion pour aller picorer
celles de l’extérieur.
En
revanche, une fois qu’ils ont pris goût à la liberté, alors là… Virée chez les cochons, chez les humains, chez les
poules ; celles-ci ont assez peu apprécié et leur ont fait savoir à coup
de becs bien sentis.
Vendredi
soir, il a fallu batailler pour cette fois les inciter à rentrer , et samedi,
les garçons ont été réquisitionnés pour consolider les grillages.
C’était la
production franco-québecoise « Les poulets découvrent la liberté ».
Episode 2 « Le monde sans pitié d’un poulailler »
Samedi, tandis que Lucie, Christian et moi étions au marché
de Melbourne, les autres ont donc été chargés de consolider les clôtures. Mais c’était
déjà trop tard : les poulets avaient été carrément attaqués par les poules
(le système hiérarchique est très dur dans un poulailler, les nouveaux sont des
intrus et les autres les martyrisent presque pour montrer leur dominiation) et
avaient des blessures béantes au croupion. Et quand un poulet a une blessure
comme cela, les autres l’attaquent. D’abord parce qu’un congénère blessé risque
d’attirer un prédateur, le vieil instinct leur dicte donc de le tuer ; par
ailleurs, les volailles sont omnivores,
la blessure sur l’autre, c’est du sang et de la viande fraiche ; on ajoute
à cela le stress de l’attaque par les poules, les poulets ont donc dévoré les
blessés de l’intérieur.
Cela a été une hécatombe : samedi, plus de 150 poulets
morts, ou qu’Alexandre, Robin, Bradley et Evan ont dû achever. La party prévue
samedi soir autour d’un feu chez Lucie a été annulée parce qu’on n’avait plus
le cœur à ça. Dimanche, nous avons ramassé encore une trentaine de cadavres. Samedi
soir et dimanche, nous avons soigné les blessés dans "l'hôpital", un lieu isolé des autres dans le poulailler: bleu de métylène pour
désinfecter, et spray à l’aluminium pour isoler la plaie.
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Les blessés sont isolés dans "l'hôpital". |
Allez, autant trouver de l’humour dans tout cela,
hein ? Nos blessés se sont retrouvés avec un postérieur argenté, très
classe. Des croupions d'argent, un petit air de poule de luxe,
en somme…
Demain, j'essaierai de voir si je ne peux pas les prendre en photo; mais là, c'est trop tard, les croupions d'argent dorment.