Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

mardi 29 septembre 2015

La vie est belle! Elle serait meilleure avec une carte de crédit.....

L'épisode Granada est accepté, digéré, et maintenant je retrouve gout au voyage et je retrouve confiance dans les gens et moi-même, et ça, cela fait un bien fou!!
En chemin depuis l'ashram vers San Juan del Sur, un monsieur me prend en stop. Une seconde d'hésitation - un truc pour me voler? - et puis je décide de lui faire confiance. Effectivement, il proposais vraiment de simplement me donner un coup de main.

Puis San Juan del Sur, au bord du Pacifique. Envie de me baigner, mais que faire avec mon sac? La aussi je choisi de faire confiance aux gens, et je demande à un groupe de trois jeunes de le garder. OK, la baignade dure cinq minutes et je garde un oeil permanent sur eux, et quand je les retrouve, une des jeunes filles m'accueille a bras ouverts: " Vous êtes incroyable! Quelle énergie, quel positif!" Enthousiaste, elle continue sur sa lancée "Quand je serai vieille, j'espère être comme vous" Eclat de rire de ma part: "Ah oui?.... C est gentil, ça!" C'est un fait, je n ai plus 20 ans, ni 30, ni, euh, ben, ni 40, zut alors.... Elle a 26 ans, c'est sûr que je parai bien vieille pour elle.

Confiance, mais méfiance aussi, leur enthousiasme est si fort que je doute. Sitôt éloignée, je jette un oeil discret sur mon argent. Eh bien non, rien n'est parti, c'etait sincère.

Le spectacle mysterieux des tortues venant pondre


Et le soir, vision de ce pour quoi j'etais venue a SJDS, l'arribada des tortues.... Les tortues olive ridley sont les seules a pondre en groupe, uniquement sur sept plages au monde, et celle de La Flor a deux pas de SJDS est l'une d'elles, septembre est la haute saison pour la ponte.

Un groupe mené par Manouche, une jeune Belge qui habite au Nica depuis deux ans, adorable. Certes, nous n avons vu "que" 40 tortues envirion, et la veille elles étaient 3000 (la pleine lune les dérange, elles préferent l'obscurite), mais la veille la plage était noire de monde, cette nuit nous avions la plage pour nous. Et surtout, j ai savoure ce pour quoi j'etais la: non la ponte elle même car j'y ai dejà assisté au Costa Rica, mais la lente sortie de l'eau de ces monstres marins. Seules face a l'océan tandis que les autres regardaient une tortue pondre, j'ai vu ainsi apparaître lentement une, deux, trois, puis sept formes sombres, éclairées par l orage, un moment intense et mystérieux.

Intense, ou plutot émouvant, le moment où les tortues, une fois terminé, extenuées, retournent vers l'eau protectrice et s y enfoncent lentement....

Nos petites tortues a nous


Et puis, nous avons eu la chance d'avoir une naissance de petites tortues! Manouche nous a permis de les libérer. Avec ma binome, Helen, une germano-américaine, nous avons relaché moi Oscar et Jeremy, nous leur avions donne des noms pour rire. A cote, un jeune couple espqgnol avait Pedro et Charlie. Ils sont tout doux, ils frétillent dans la main, et les voir pédaler de toutes leurs petites palmes est génial! Bon, Oscar était un peu neuneu, allait a droite et a gauche. Pedro, lui a dépassé tout le monde pour aller vers l'eau, et puis une vague est arrivée et zou! retour a la case départ pour Pedro. Dure, la vie de petite tortue....

Finalement, ils sont partis. Combien atteindront l'âge adulte? Une tortue sur 1000 y arrive...

Une journée de bonheur sur la plage de Maderas à San Juan del Sur; merci à Helen pour ces photos qu'elle m'a envoyées!




A quoi rêvais-je? Je ne sais...




Le lendenain, paradis tropical sur la plage Maderas, à regarder les surfers, à jouer dans les vagues et à siroter des jus de fruits en compagnie d'Helen, qui était la aussi, et du jeune couple espagnol, Sara et son ami. Helen m'a envoyé des photos, génial j ai de nouveau des photos!!!

Ometepe, nouvelle etape


Et là, autre etape, ile d'Ometepe, verte, calme, au centre du lac Nicaragua. Hostel Little Morgan, le dortoir est genial,une cahute sur un arbre, l'eau est a deux pas....

Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si j avais enfin mes cartes de crédit. Hélas, la banque vient de me dire qu elle n'a pas pu les envoyer par DHL comme l'ambassade me l'a recommandé, la poste deSéelestat n a pas voulu. Ou pas pu??? Du coup, mes probabilités de les recevoir ont sacrement diminué. Comment vais je faire si je ne les ai pas? Je ne sais pas........

vendredi 25 septembre 2015

La meditation pour passer le cap

C'était prévu avant l'épisode de Granada, mais je dois dire que cela tombe bien: je suis maintenant pour une semaine dans un ashram, a San Juan del Sur, au sud du Nicaragua sur la cote pacifique. Yoga, calme et méditation avec le travail de wwoofing.

J y suis arrivee il y a deux jours, j ai donc quitté Granada sans regret, enfin... presque. J'ai recroisé mes voleurs, sur leurs vélos, l'un d'eux m'a fait un grand salut moqueur... Eh ouais...

Heureusement, j'ai pu voir une partie un peu plus agréable de Granada, les isletas, un chapelet de minuscules iles sur le lac Cocibolga, créées par une éruption geante du volcan Mombacho. Elles ont tout juste la taille pour une maison et un jardin et sont adorables. Celles que nous avons vues - avec trois Allemands de l'hotel Boca en Boca, guidés par Stéphane, un Français de Granada - sont encore habitées par une communauté de pêcheurs, qui vivent sans électricité, loin de Granada alors qu'on est a dix minutes en voiture de celle-ci. Le lac, les iles vertes sur leurs rochers noirs, le calme sur nos mini-kayaks, c'était reposant, cela m'a fait du bien...

Une vendeuse au geste très important...


Un épisode qui m'a fait beaucoup de bien aussi n'a duré que quelques secondes: avant de sauter dans le bus pour aller a San Juan, j'ai acheté un jus de maracuja et un sac de petites patisseries pour mon repas et par erreur, au lieu de donner a la dame un billet de 10 cordobas, j ai donne un billet de 100 (les 10 et 100 se ressemblent et les 20 et 200 se ressemblent, c est génial...). Elle me l'a signalé, je l'ai remerciée en riant de mon erreur, et du coup elle m a donné un second sac de patisseries. Elle ne le saura jamais, mais par ce geste, cette dame m'a un peu réconciliée avec Granada...

Maintenant je suis dans la forêt, dans le son des singes hurleurs, au Ahimsa yoga ashram, chez  Xian Sunshine, une Britannique et ses deux jumeaux de six mois; cela fait vingt ans qu elle est sur la  route, quelques annees en Thailande, acrobate dans un mini-cirque familial au fin fond de nulle part au Mexique, er je ne sais trop quoi encore... Sont là egalement Angelica, de New York, qui voyage depuis plus de deux ans; juste avant elle était dans une communauté au Costa Rica, en pleine jungle, elle a bossé et bourlingue partout, Dana, de l'Ohio, démarre un voyage d'un an environ, Keith, de Colombie britannique, qui est parti ce matin, est sur les routes depuis trois ans; enfin, vient d'arriver Samara, d'Australie. Au fil de mon voyage, je rencontre ainsi des personnages avec un parcours sacrement étonnant...

lundi 21 septembre 2015

Bécassine chez les méchants voleurs de Granada

Bon, reconnaissons-le, dans cette histoire, j'ai vraiment fait tout ce qu'il ne fallait pas faire... Oublier de laisser a l'hotel le maximum d'argent et les cartes de crédit et n'avoir que le strict nécessaire avec moi; rentrer à pied à l'hotel dans la nuit et, malgré mes doutes, ne pas rebrousser chemin vers le centre en voyant que la rue ou je devais aller était noire. En un sens, j'ai mérité ce que j'ai eu. Bécassine, c'est moi! Mais comme je l'ai dit, en un mois ici je n'avais vu que des gens bien, du coup j'avais relâché la garde.

Et je m'étais sentie tellement mal à l'aise en arrivant dan s cet hôtel que je n'ai eu qu'une envie, le quitter le plus vite possible pour aller pianoter sur monordi dans un  café, en oubliant de laisser dans ma chambre ce dont je n'avais pas besoin....

Cela dit, j'en veux énormément à l'hotel ou j'étais; se situant dans une rue dont j'ai appris ensuite - un peu tard, hein - qu'elle faisait partie des rues dangereuses la nuit, il était de leur devoir de me prévenir. A Managua, mon hotel m'avait donné les infos sur les quartiers ou ne pas aller la nuit; et à Granada, le Boca a Boca m'a indiqué sur un plan les rues à éviter le soir. Je crois que sur Trip Advisor je ne vais pas être très gentille avec eux...

J'aurais du suivre mes intuitions, elles sont souvent vraie: dès mes premières minutes à Granada, je n'ai pas senti la ville; je n'ai pas senti l'hotel non plus mais pour la seule fois dans mon voyage j'avais fait une réservation, je ne pouvais pas reculer. Un sentiment de malaise que je n'avais eu ni à à Leon ni à Matagalpa...

Un malheur partagé


Et Bécassine a pu voir qu'il n'y a pas qu'elle qui a des malheurs. à mon troisième passage (!) au commissariat - du coup, la policière au départ ennuyée par mon histoire samedi m'a saluée comme une vieille copine -, je suis tombée sur un Allemand qui s'était fait tabasser le soir par trois types, et pourtant il était dans une rue éclairée, des gens étaient là ainsi que des vigiles devant des maisons. Mais bon, leur boulot, c'était de garder la maison, hein, pas de sauver les gens en détresse dans la rue, chacun son métier. Surtout si pour ca on risque un coup de poing ou un coup de couteau...

Ce qui est marrant, c'est que lui aussi avait eu un mauvais feeling en arrivant à Granada. Finalement, la ville s'est vengée de notre mauvaise impression.

Heureux que nous sommes...


Et maintenant? Eh bien maintenant c'est la galère pour retrouver un smartphone et un appareil photo; on n'est pas en France ici avec des boutiques achalandées, on passe par des réseaux, l'occase ( et pour les nuls en  technologie comme moi, bof); l'appareil photo, eh bien c'est à Managua. Et l'ordi tu oublies, je ne vais pas hériter d'un clavier espagnol! Quant aux cartes de crédit, je devrai aller les chercher à l'ambassade de France, celle-ci m'ayant conseillé de les faire envoyer là-bas.

A El Yunque, devant les conditions de vie et de travail de Francisco, Obel, Javier, Wilmer, Carlos et les autres, j'avais dit combien je sentais que j'avais de la chance d'être francaise. Là aussi je peux me le dire, la désorganisation, c'est rigolo quand on est en loisirs. Quand on est en urgence, ca l'est un peu moins. Appréciez ce que vous avez en France, d'autres aimeraient l'avoir!!!!

C'était la lecon de philosophie de Bécassine...

dimanche 20 septembre 2015

Un reve coupé au couteau

Granada, joyau historique du Nicaragua, une splendeur coloniale baroque, des maisons aux colonnes de stuc se détachant sur des murs de crépi jaune, rose, bleu éclatant, des églises aux facades chargées, émouvantes.... Alanguie au bord du lac Cocibolca, dominèe par la silhouette du volcan Mombacho...

Mais pour moi, Granada, ce sera d'abord une sensation très étrange, celle d'avoir un couteau pointé vers le bas-ventre... Ma première soirée à Granada s'est terminée ainsi, dans une rue sombre de la ville. Je revenais de travailler sur mon ordi au Tercero Ojo (le troisième oeil), le boudha bar de "la" rue des bars, calle Calzada, et je rentrais à mon hotel. Sauf que cet hotel est dans une rue sans aucune lumière et, je l'apprendrai ensuite, connue pour etre dangereuse, ce que le personnel de l'hotel ne m'avait pas dit...

Deux a vélo, un  classique des bandes de Granada


A vingt mètres de l'hotel, deux jeunes à vélo  - un classique des bandes de la ville, j'apprendrai après - se sont précipités, m'ont coincée contre le mur, le couteau pointé vers mon bas-ventre et ont attrapé mon sac ou j'avais tout avec moi: argent, ordi, appareil photo, smartphone... Dans ces moments, l'esprit est anesthésié, on se dit "non, ce n'est pas possible, ca ne peut pas arriver", mais voilà...

Hurler en espérant que des gens sortiront de chez eux, tambouriner sur une porte d'un autre hotel encore plus proche et voir la porte rester ferméee, là, on erre, on est comme saoule, l'esprit vide, "ce n'est pas possible, ce n'est pas possible, non, non".

Un jour trop tôt...


Plus d'argent, plus rien, et surtout toutes mes photos disparues, les photos des gens que j'ai rencontrés et aiéés au cours de ces trois mois de voyage... Avec les connexions internet difficiles, j'avais toujours repoussé le moment de les mettre sur un serveur, et je pensais justement le faire le lendemain. Les agresseurs sont venus un jour trop tot....

Il y a au moins une bonne chose avec ce type d'agression, c'est qu'elle aide à relativiser: OK, j'ai été volée, mais je suis vivante et non blessée. Le reste, c'est du matériel.

Et puis cela m'a offert d'autres expériences: une policière caricaturale en terme de lenteur et de bêtise - ah, les reproches sur le fait de ne pas avoir pu voir leurs visages cachés par des casquettes dans cette rue sans lumière... - des messages de soutien sur Facebook qui font chaud au coeur, un couple franco-nicaraguayen qui m'offre de venir chez eux utiliser leur ordinateur pour faciliter mes démarches, un café tenu par Gilles, un Francais, et qui me réconforte en pouvant parler avec des gens "de chez moi", et surtout la rencontre avec Sandy et Charlotte, un couple de retraités américains habitant Granada, embarqués dans le même taxi que moi et qui, devant mon histoire, m'offrent de passer la soirée chez eux.

Pittoresques, gratinés, lui sorte de petit frère d'Hemingway avec sa barbe, ses cigares et ses rhum - Seven Up - et passés du très haut - propriétaires de villas, membres du country club - au très bas après s'etre cassé la figure durant la crise de 2008, vivant aujourd'hui d'une petite pension, et avec une approche de la vie, un tempérament positif dans lesquels je me suis retrouvée, c'était pile ce qu'il me fallait!

Les 5% qu'il ne fallait pas connaitre


Du coup, après de premières heures samedi à voir chaque Nicaraguayen que je croisais comme un agresseur potentiel, j'ai retrouvé mon sourire, ma  joie de vivre. Il y a pire dans la vie que de se faire voler. Les photos ont disparu à tout jamais, personne ne verra le volcan Telica rose au petit matin, toutes ces photos des gens d'El Yunque aue j'avais prises a éon second séjour, les habitants de Leon dont j'ai fait des portraits, la vendeuse de pain au coin de la rue, la cuisinière du bouiboui ou j'ai mangé, la séance de cumbia improvisée avec une famille en attendant mon bus, la vieille dame posant avec son balai devant sa maison au bord de la plage, les habitants de Granada assis au pied d'une somptueuse église décrépie, savourant la fraicheur du soir, mais les sourires et les rires que j'ai partagé avec eux en leur montrant les photos, eux, sont réels et seront toujours là. Et finalement c'est ce qui compte.

J'ai quitté l'hotel ou j'étais, je n'avais plus envie d'être dans cette rue, j'ai rejoint la Boca en Boca, hotel pour backpackers tenu par un jeune couple francais très sympa et mine d'infos sur Granada (pas comme mon précédent hotel, hein...) découvert grâce à Mathieu, un Francais rencontré lors de l'excursion sur le volcan et qui avait vu mon appel de détresse sur Facebook - vive Facebook!! - et j'ai de nouveau été me balader dans la rue.

Oui, j'ai pu voir dans les yeux de certains que je l'avais cherché en rentrant a pied le soir, mais depuis un mois que je suis au Nicaragua, je n'ai rencontré que des gens bien, a Leon et Matagalpa j'ai arpenté les rues la nuit sans jamais être inquiétée a part une main aux fesses, je continue a penser que 95% des gens sont honnêtes, j'ai simplement eu la malchance de tomber sur les 5% restants ce vendredi soir. Et quand je vois les voyageurs prendre des photos des gens avec leur smartphone sans même se préoccuper de savoir si ceux-ci sont d'accord, quand je les vois regarder les choses de loin sans se mêler aux gens, je me dis que, même si je l'ai payé cher, je préfère rester comme je suis et donner ma confiance aux gens.


vendredi 18 septembre 2015

Un morceau de Forêt Noire au Nicaragua

Etre au Nicaragua et se retrouver soudain en Forêt Noire, il faut le faire, non ? C’est ce qui m’est arrivé à Matagalpa, après avoir quitté San Antonio de Upa et la finca El Yunque : je n’ai pas pu résister au fait d’aller faire un petit tour à la Selva Negra (forêt noire en espagnol).

Les hautes terres du  nord du Nicaragua ( Matagalpa, Esteli, Jinotega) sont le royaume du café .Il s’avère que dans les années 1880, des colons allemands sont venus dans la région de Matagalpa pour y planter du café. L’un d’eux était un certain Boeschl.
La selva Negra s'orne de peintures d'illustres ancêtres ou visiteurs. Ici, Theobald, duc de Choiseul Pralin.

Maier, Kühl, Josephson, Zeyss, Boeschl, Kraudy... 


Aujourd’hui, la plantation se double d’un hôtel kitsch et rigolo comme tout : un lac au milieu des arbres avec une statue d’une "ganseliesel", un transformateur électrique déguisé en ferme au toit cassé, des peintures de paysages de la foret Noire, des soldats casse-noisettes en bois, des portraits d’augustes ancêtres, une chapelle et des cabanes « Gretel » ou « Boeschl » nichées dans les bananiers,  très mimi avec leurs volets décorés de cœurs – voire avec les portraits de Sissi et du joueur de flûte - et au toit recouvert de végétation… Forêt noire ou village de hobbits ? Le tout au son des singes hurleurs…
Forêt Noire ou village de Hobbits?

Regardez bien: cachée derrière le puits et coiffée de verdure, voici la chapelle.

Un lac et une statue d'une ganseliesel: on s'y croirait,

Sissi et le joueur de flûte..

Peinture au mur. Si, si, nous sommes bien au Nicaragua.


Au gré de mes flâneries, je suis tombée par hasard sur l’actuelle propriétaire, Mausi Kühl, qui m’a emmenée dans sa voiture et m’a montré les lieux. La finca Selva Negra s’étend sur 450 hectares, dont une centaine, au cœur de la plantation, sont 100% bio ; le reste étant « le plus bio possible » sans pouvoir toujours l’être.

 La Selva Negra est bio par un concours de circonstances, m’a-t-elle expliqué.   Dans les années 70, quand sa famille a racheté la plantation, les produits chimiques n’existaient pas au Nicaragua, ou pratiquement pas. Dans les années 80, avec la guerre entre les Sandinistes et les contras, est venu le temps de la pénurie, donc toujours pas de produits chimiques. Et dans les années 90, quand la paix est revenue, ils ont vu que leurs caféiers sans produits chimiques se portaient très bien. Ils ont continué ainsi, et s’en portent très bien. A noter que la Selva negra n’est pas la seule a être bio par ce concours de circonstances, même si des plantations comme la Buena Esperanza près d’El Yunque ont opté pour le café chimique.
Mausi Kühl, dont la famille a pris le virage du bio dès les années 70.


La Selva negra a 200 ouvriers permanents et, durant la saison de la récolte du café (entre novembre et février), 600 ouvriers supplémentaires . A comparer d’autres fincas, les ouvriers sont bien lotis, dans des logements en dur en béton, des toilettes, des points de lavage, des lieux de réunion…  Les Kühl ont fait en sorte que les arbres qui poussent au milieu des caféiers pour leur donner de l’ombre soient des arbres fruitiers variés et non pas uniquement des bananiers, afin que les ouvriers puissent agrémenter leur ordinaire de gallo pinto. Et les ouvriers méritants ont des récompenses, des honneurs. Certains pourraient objecter sur le paternalisme de la chose - et sur le un kilomètre de chemin que j'ai fait depuis l'arrêt de bus, j'étais suivie en permanence par un gardien armé et parlant dans son talkie-walkie - mais les employés de la Delva negra ont un sort enviable comparé à la vie d’un ouvrier agricole moyen. Quand aux hommes en armes, on les trouve dans toutes les plantations de café (veut-on éviter qu'un buveur fou d'expresso vienne dévaliser les lieux??), la Selva Negra ne fait pas exception à la règle. 


jeudi 17 septembre 2015

El Yunque, la finca, le quotidien, le village

Au fait, je n’ai pas présenté El Yunque. La finca a été créée il y a sept ans par Miguel angel Guzmann, un vétéran de l’armée américaine qui, après avoir vadrouillé en Amérique latine, a acheté cette ancienne plantation de pommes de terre pour la replanter et reforester de façon biologique. Dure tâche… Car l’exploitation intensive de la pomme de terre a épuisé le sol, l’a bourré de fongicides et pesticides. Le sol était quasiment mort.
Il y a sept ans, il n'y avait que des pommes de terre ici.

Une autre vue d'El Yunque, avec la cabane de Javier et Francisco au loin.

Brume du soir sur le chemin qui relient les cabanes de la finca.



Avant la pluie.

A ces hauteurs, la forêt est souvent plongée dans les nuages.


Depuis sept ans, Miguel s’acharne donc à faire revivre tout cela. En sept ans, beaucoup s’est fait, et peu.  Beaucoup car les plantes, les fleurs et les arbres sont partout, de toute sorte, la finca est verte, belle alors qu’il y a sept ans la terre était nue ; peu car la ferme ne produit toujours rien pour une éventuelle vente. Car, comme beaucoup de terre des tropiques, le sol est pauvre en lui-même, sa richesse vient de l’humus de la décomposition des plantes et arbres de la forêt. Ceux-ci ayant été détruits, l’humus a disparu ; d’où la fabrication de lombric-compost pour recréer un sous-sol riche.

La finca essaye aussi d'autres enrichissements du sol: melange de bouse de vache (pas de crottin) et de mélasse issue de la canne à sucre; elle cultive également de la moisissure de forêt : on récupère celle-ci et on la mélange à du lait et de la mélasse pour la nourrir. Le tout marine durant quelques semaines, avant d'être appliqué aux jeunes plantes.

D’ailleurs, tout autour de la finca, c’est une immense plantation intensive  de café, Buena Esperanza (3000 ouvriers agricoles, d’après ce que m’ont dit les gens d’El Yunque) ,où l’on déforeste également. Et Miguel se doute bien que certains planteurs de café lorgnent sur son terrain...
En face d'El Yunque, les ouvriers de Buena Esperanza plante les cafés dans la terre récemment déforestée.

Buena Esperanza.


Le village, San Antonio de Upa, doit faire quelque 500 personnes, dans leurs cabanes de bois qui se résument souvent à deux ou trois  pièces : la cuisine – salle à manger et une ou deux chambres pour tout le monde.
Le village.


Le village, toujours.


Il n’y a pas d’électricité pour s’éclairer, hormis quelques maisons avec un ou deux panneaux solaires. Ainsi, quand le rechargeur de batteries d’El Yunque a rendu l’âme, nous avons dû aller recharger chez Reyna.
Pour téléphone, il faut monter au sommet des collines, comme ici sur ce petit mirador.

Reyna et sa famille, chez qui nous allions recharger les batteries.


Il n’y a pas d’eau courante non plus, on va chercher l’eau à la rivière ou dans des puits ; et pour se laver, l’eau de pluie est recueillie dans des barriques.
Le puit. Après, il faut remonter jusqu'à la finca avec son bidon de vingt litres...

Voilà, euh, il me semble que c’est à peu près tout, sinon je vais vous saouler avec El Yunque et ses gens !! Ah, si, juste quelques petites photos encore, pour le plaisir...
Mon unique tentative de cuisiner chez moi, des malangas (tubercule très savoureux)  la crème. Ne connaissant pas la technique du plastique, j'ai utilisé pratiquement tout le reste d'un livre en allemand de Sartre, tout humide, qui avait servi de combustible pour un précédent volontaire.

Tentative de confection de tortilla, à l'hilarité de Guillerrmina;

L'élégance à la nicaraguayenne: même après le travail, on garde se bottes. On ne sait jamais, une trombe d'eau de cinq minutes vous retransforme le chemin en ruisseau de boue.
A croire que tous les moustiques du Nicaragua se sont donné rendez-vous chez moi... A Deer Lake lodge je m'étais déjà fait dévorer, mais ici c'es pire: les moustiques d'ici, ces petites crevures, ne se voient pas et ne s'entendent pas. Du coup on oublie parfois (souvent) de mettre de l'anti-moustique, avec le résultat que voici...

Il y a tout de même du soleil, hein... Bon, la pose n'est pas naturelle, mais il fallait bien que je vous fasse envie...

Jeu de lumière dans les feuilles de malanga.

mercredi 16 septembre 2015

El Yunque, me revoilà!

Je ne regretterai jamais le choix que j’ai fait de retourner à El Yunque au lieu d’allez lézarder sur la côte caraïbe. Les quelques jours que j’y ai passés de nouveau ont été du pur bonheur, comme si la connexion avec eux était encore montée d’un cran. Le fait que je tienne ma promesse de revenir, le fait de leur donner les photos que j’avais fait tirer sur papier à Matagalpa… Je suis arrivée le jeudi soir, et le vendredi, à 6h, je les ai tous retrouvés pour la réunion du matin. Les yeux écarquillés de Francisco,  le sourire radieux d’Obel, les rires sur la nouvelle volontaire qui arrivait, j’avais l’impression d’être de nouveau chez moi.


Rebelote donc pour deux jours de bouses et crottins à ramasser, mélanger, épandre dans le lombric compost, etc… Mais les partages, les rires étaient encore plus nombreux. Déjà durant mes quinze jours, mais encore plus à ce moment-là, ma cabane est devenue un peu le lieu de rendez-vous (il est vrai qu’elle est juste à côté du corral) pour papoter, profiter de mon excellent ( !)  café instantanné froid (la seule façon de chauffer l’eau ici est de faire du feu,  et j’avoue que la corvée de bois à ramasser ne me tentait pas trop).
Javier et Francisco s'invitent chez moi pour faire du café arôme plastique. Sacrément plus rapide qu'avec du papier!

Javier et le fauteuil qu'il s'est fabriqué. Ensuite, il le recouvrira avec un de ces matelas qui me faisaient hurler d'horreur quand je suis arrivée. Finalement, je m'assierai sur le matelas, moi aussi...



Quels sont les moments que je retiens, ainsi ? Javier et Francisco, mes jeunes voisins (leur cabane est à vingt mètres de pente boueuse de la mienne), venus me tirer d’une sieste pour faire chauffer du café au lait des vaches du corral dans lequel on trempe des bananes. J’ai ainsi appris à faire le feu à la Ncaraguayenne : bien plus rapide que le papier (surtout quand il est humide…), voici les petits sacs en plastique noir dans lesquels est mis tout produit acheté. Pas la peine de hurler à la pollution, de toute façon, si ces plastiques sont ramassés (ce qui n’est le cas que dans les villes), il est de toute façon brulé ensuite. Alors…


Une très belle discussion avec Wilmer, sur notre conception de la vie, sur nos rêves. J’admire beaucoup ce jeune, il est intelligent, il travaille très dur pour nourrir sa compagne et leurs jumeaux de 18 mois, et il se donne en plus les moyens qu’il peut pour apprendre l’anglais : il a un petit cahier d’écolier rempli d’une écriture malhabile comme celle d’un enfant de tous les cours qu’ont pu lui donner les différents volontaires qui sont passés ici ; pour ma part, je lui ai donné des règles sur le passé.
                                                                                
Wilmer charge le pasto sur son dos. 



Je ne sais pas combien cela pèse, mais à chaque fois que je les vois faire, je les admire. Pas étonnant qu'ils ne laissent jamais une miette de leur assiette de gallo pinto..
                                                                                                  
Des confidences avec Obel sur nos vies, notre passé, tout ce que nous avons pu apprendre l’un de l’autre, lui avec toutes ses  connaissances sur la ferme (c’est lui le plus ancien, il y est depuis six an), moi avec la part de rêve que je lui apportais…
Chasse au repas du dimanche pour Obel et sa compagne Xiamara.



Juana, qui me dit combien elle a été heureuse de me connaître…


Les tentatives des uns et des autres d’apprendre trois mots d’anglais (seul Wilmer a des notions) ou de français, les rires là aussi, et l’émotion lorsque l’un m’a dit que, de tous les volontaires qui étaient venus, j’étais celle avec laquelle ils avaient le plus échangé, en qui ils avaient eu le plus confiance.

Carlos, qui m'a demandé comment on disait "Yo te quiero" (je t'aime) en français, et ensuite me lançait des "Françoise, yetème".

Guillermina, chez qui j’allais manger tous les soirs le gallo pinto (riz et haricots rouges), mère de quinze enfants dont dix vivants, racontant ses hommes, et montrant une sacrée combativité face aux maris violents (apparemment, c’est fréquent au Nicaragua)… Guillermina, c’est une source d’infos, de cancans et de philosophie à elle toute seule. Et le dimanche, jours de viande, elle fait des naca tamale (maïs frais moulu en pâte, fourré à la viande et aux légumes), des poules à l'étouffé...
Guillermina et ses tortillas.

Gabriel, neuf ans, le plus jeune enfant de Guillermina, avec celle-ci.


Ma despedida, la soirée d’adieu qu’ils ont voulu me faire. Pour elle, Carlos s’est levé à 3 h ½ pour aller à Matagalpa (deux heures à pied pour prendre l’unique bus de 6 h) et récupérer une chaine hi-fi à brancher sur le chargeur de batteries de la ferme. Chargeur qui a rendu l’âme quand on a voulu brancher la chaîne…  Du coup, on a récupéré une petite radio MP3, et on a dû se contenter des morceaux dessus ; Chumpipe (« dindon ») le poivrot de service s’y est invité, j’ai appris en revenant que le lendemain il était tout fier de raconter à ses collègues qu’il avait dansé avec une « gringa »…
Ma despedida: Juana, Javier, Obel, Carlos, Francisco.

Francisco profite des séances photos pour faire une séance bisous...

J’ai tellement de choses dans le cœur à dire sur vous tous..

jeudi 10 septembre 2015

Une journée type à El Yunque

Quel était donc le travail que j’ai eu à faire à El Yunque ? lever à 5h30 pour commencer le travail à 6 h et le terminer à 12 h (14h30) pour les ouvriers. Et ceci pour éviter la chaleur ou la pluie de l’après-midi. Car quand il fait chaud, il fait chaud ! Et quand il pleut (souvent l’après-midi et le soir), il pleut ! Et encore, je n’étais pas là durant la grosse saison des pluies, qui commence fin septembre…. La première semaine était relativement ensoleillée, ce qui me permettait de sécher ma lessive du jour, mais la deuxième n’était Que pluie ou grisaille. Exit la lessive quotidienne du pantalon, de toute façon, la saleté n’était que de la terre ou de la bouse de vache, alors…

6 h, réunion de tout le monde chez Carlos le mandador pour fixer le programme du jour.  Ensuite, nettoyage du corral des vaches et des chevaux. Tout se fait à la main et à la pelle  ici : ramasser la bouse et le crottin, les mélanger afin de les épandre ensuite dans les installations du lombrics-compost, laver le sol en puisant des baquets d’eau, nourrir les bêtes en transportant le fourrage sur le dos (cela je ne le faisais pas, c’était une charge beaucoup trop lourde pour moi).
Pour que les lombrics puissent digérer le crottin, il faut l'écraser. Au début, je le faisais du bout du pied, et à la fin, j'y allais joyeusement. Ensuite, on mélange le tout à la pelle avec les bouses avant de le transporter par baquets jusqu'aux installations de lombric-compost.

Récolte du lombric-compost pour Francisco et Javier.

Une fois le compost récupéré, on rajoute le mélange bouse et crottin.

Une bonne partie de mon  travail ensuite consistait à récupérer le lombrics-compost, un travail très long, car il faut ramasser uniquement ce qui est transformé et éviter d’emmener les lombrics. Les installations sont dans de vieux pneus  répartis partout dans la finca, afin que le jus qui coule du fumier puisse nourrir la terre. Il faut transporter les baquets (et ils sont lourds…) à travers les pentes boueuses ou herbeuses. Après chaque trajet, on est en nage ; et il y a cinq ou six trajets à chaque fois.

Pourtant, il n’y a sept ou huit vaches, et trois chevaux. Mais la vache (elle est facile, celle-là, je sais…) qu’est-ce que ça produit ces bestiaux ! Moi l’urbaine, j’ai pu voir qu’une vache peut vous sortir trois bouses à l’heure, en général juste après que vous ayez tout ramassé à la pelle…
Jose et Javier coupent le pasto.


Transport du pasto par Wilmer.


Les autres tâches étaient très variées : récupérer du bois dans la forêt, faire des semis et des plantations (du pijibay en l’occurrence), couper les caféiers malades, mener les bêtes à paître dans divers lieux de la finca, chercher des moisissures de forêt pour les cultiver (ce sont des moisissures utiles, qui aident les plantes à se protéger des ennemis).
Couper les caféiers malades.

Plantation des pihibay par Obel...

... et par moi.

Récolte des haricots.

Récolte du bois par Javier et Wilmer.



Après les deux premiers jours à arrêter le travail à 12h, j’ai décidé de le continuer avec eux jusqu’à 14 h 30 et de partager le déjeuner avec eux: gallo pinto, c'est-à-dire riz et haricots rouges (ben ouais, c'est matin, midi et soir, et pour varier, on peut pendre riz et haricots, ou alors haricots et riz) avec soit une tortilla de maïs soit des platanos (bananes plantains) cuites à l'eau . Car finalement, c’était beaucoup plus enrichissant pour moi d’être avec eux, de partager leur vie, que d’aller ensuite me baigner dans la rivière, de me balader ou de bouquiner. Et je ne le regrette pas !!