Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

samedi 2 janvier 2016

Sur la route, épisode 1: les Catlins, entre algues géantes et gitan perdu

Pour le week-end, Nikki et Hamish m'ont prêté leur maison au bord de l'océan, à Papatowai, dans la région des Catlins, sur la côte Est. Un paysage de falaises déchiquetées par les vagues, entrecoupées d'immenses plages de sable blanc où l'on est quasiment seul au monde, des petites cabanes de bois en guise de baches (maisons de campagne néo-zélandaises), accrochées à la terre au bord de l'eau, des pâturages battus par le vent, une saveur d'Ecosse ou d'Irlande…


Jack's bay.



Les forêts de Nouvelle-Zélande, avec leurs fougères géantes, sont fascinantes.




Grâce à eux, j’ai pu découvrir Curio Bay, ses pingouins aux yeux jaunes (du moins un de ses représentants), sa forêt pétrifiée datant de l’époque des dinosaures et sur laquelle, étonnement, on a le droit de marcher. Mais j’ai surtout été fascinée par les algues géantes ; les voir se mouvoir, immense tapis vert s’engouffrant dans un chenal, montant et descendant avec les vagues, serpent géant ondulant, était un spectacle devant lequel on pourrait rester des heures, comme le feu, ou une prairie ondulant sous le vent. Une guide à Milford sound, dans le Fjordland, m’a dit que les phoques adorent jouer dans ces algues, au toucher comme du cuir ; Nikki, elle, me disait combien elles lui donnent le frisson, elle imagine tomber dans ce tapis mouvant et être avalée par celui-ci…


Se promener au milieu d'une forêt remontant à des millions d'années est un sentiment très étrange...

Immense serpent d'algues...



Papatowai, petite bourgade endormie, abrite Blair Somerville « the lost gypsy » (le gitan perdu), joyeux inventeur loufoque de trucs et de machins réalisés avec tout ce qui lui tombe sous la main, objets trouvés sur la plage ou dans les poubelles. Dans son vieux bus reconverti en musée, j’ai eu l’impression de tomber sur un cabinet de curiosités revisité par un gamin frondeur qui aurait fait copain avec Tinguely : on tourne une manivelle et ici, un mini-requin croque un nageur, là des tentacules géants s’agitent au-dessus d’un buisson, plus loin un squelette d’oursin ou d'étoile de mer s’illumine et tourne doucement sur lui-même, là encore George W. Bush sort une ânerie, etc, etc…


Et voici le gitan perdu!



De l'eau, une manivelle, et voilà une boite à  musique naturelle.



De drôle de mécaniques à la Tinguely ou à la Depoutot.

Une bonne manière d'éviter de répondre toujours aux mêmes questions...

Mais pour moi, le plus beau moment a été le phare de Nugget point dans le soir de mauvais temps, veilleuse sur son nid d’aigle, impression de bout du monde, d’immensité. Un de ces moments où l’on ressent la force, la majesté de la nature… Un voyageur allemand un peu frappé se demandait s’il allait dormir là, sur le promontoire battu par le vent et la pluie glaciale.






Retournant au parking dans cette atmosphère si particulière de la nuit tombante, j’ai soudain entendu des sons qui m’ont fait dresser les cheveux sur la tête : des cris à mi-chemin entre le vagissement d’un bébé et la plainte d’un damné. Certes, c’était sans doute des oiseaux (lesquels ? Nikki et Hamish n’ont pas su me dire), mais je n’ai réussi à tenir que quelques minutes avant d’être vaincue par les images de films d’horreur : ces moments où le personnage reste bêtement sur place tandis que les morts-vivants approchent, ignorant les cris du public dans la salle qui lui hurle de fiche le camp. J’ai donc obéi à mon public imaginaire et j’ai fichu le camp. Si les morts-vivants, Freddy ou le tronçonneur fou existent, je n'ai pas envie d'être la première à le découvrir...




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