Au risque de me répéter, j’ai encore pu mesurer combien
voyager en wwoofant est une chance. Il permet de vivre les choses « de
l’intérieur », d’avoir une relation privilégiée avec les gens. Lors de ce
pow wow, j’ai donc dormi chez Audrey Wemigwans, dans la réserve de Wikwemikong,
où avait lieu le pow wow.
Et finalement, ce que je retiens de plus beau de ce
week-end, ce ne sont pas les danses, les
costumes – même si c’était passionnant - mais les moments chez Audrey, les discussions avec sa famille. Au pow wow
même, eh bien, j’étais une touriste comme une autre : photos, vidéos,
quelques mots ici ou là, et cela s’arrête là. Vous ne vous voyez pas aller vers
un Amérindien comme une fleur et lui demander « Pardon monsieur,
pouvez-vous me dire comment vous vivez le fait d’être amérindien dans un monde
de blancs? »
Les membres de sa famille m’ont ainsi parlé de l’époque où
non seulement ils n’avaient pas le droit de sortir de leur réserve, mais il n’avaient
même pas le droit de se réunir, sauf autorisation de l’Indian agent, un blanc
vivant sur la réserve et y régentant tout. Les danses traditionnelles, les
sweat lodges étaient interdites, les gens les pratiquaient en cachette.
"Affranchi"
Si un Amérindien décidait de quitter la réserve pour aller
vivre dans le monde des blancs, il devenait « affranchi » ; il
gagnait le droit de vivre comme les blancs, mais souvent pour s’assimiler il
changeait son nom trop connoté, et il devait abandonner son statut de Native. Confidence
d’un des membres de la famille : « Perdre son identité, c’est une des
pires choses qui puissent arriver. .. »
J’ai pu avoir une confirmation de combien l’alcool fait des
ravages chez les Amérindiens ; pratiquement tous avaient des proches
alcooliques, ou l’avaient été eux-mêmes. « Une des raisons pour lesquelles
Debajehmujig a été créé était d’ailleurs de sortir les gens de l’alcool, en
leur permettant de travailler sur leur culture, de sortir de leur mal-être», m’a
raconté Ron, neveu d’Audrey et ancien membre de l’équipe.
"We don't live in teepees anymore"
Heureusement, les traditions ont - du moins un certain nombre – pu continuer, nous
avons eu de belles discussions sur les sweat lodges, les visions que certains
ont au cours de celles-ci, les jeûnes qu’ils pratiquent, j’ai appris les noms
natives de certaines femmes, Red thunder woman pour Frances, Dancing wolf woman
pour Tabitha, des noms que les anciens leur ont donné lors de cérémonies…,Cela dit, comme le raconte "We don't live in teepees anymore" (régulièrement, les réserves ont la visite de touristes, tout déçus de ne pas voir les gens vivre dans des teepees et se déplacer à cheval), une chanson de Jo Osawabine, le directeur artistique de Debaj, "nous ne voulons pas revenir à l'ancien temps. Si je vivais dans l'ancien temps, je ne pourrais pas aller chez le dentiste en cas de rage de dents; et si j'avais mal au genou, je ne pourrai pas aller chez le médecin".
D'ailleurs, voici quelques images d'un concert d'une chanteuse country et blues originaire de Wiky, Crystal Shawanda, une célébrité parmi les chanteurs amérindiens, avec ses animations country pur sucre.
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Crystal Shawanda et ses fans. |
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Groupe local de rock, "the five directions", clin d'oeil aux "four directions" (est, ouest, sud, nord), piliers de la spiritualité amérindienne. |
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Défilé e mode par un créateur qui souhaite remettre en valeur les tenues amérindiennes. |
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Concours de rugissements chez les bikers amérindiens. |
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Il n'y a que pour celui-ci que j'ai un doute: Amérindien ou pas, l'Elvis bis? |
Un passionnant moment aussi a été la vision du spectacle actuel
de Debaj, « Global savages », qui raconte l’histoire des Amérindiens :
à l’occasion du pow wow, Debaj l’a donné dans les ruines de l’ancienne mission catholique
de Wiky. Un vrai plaisir à voir ! La compagnie a choisi l’humour, l’ironie
pour raconter l’histoire des Premières nations, y compris ses moments
douloureux avec l’arrivée des blancs, et cela marche mille fois mieux que l’affrontement
frontal . Pas de « pourquoi nous avez-vous traités ainsi ? » qui
pourraient braquer les gens style « Je ne suis pas responsable de ce que mes
ancêtres vous ont fait, et j’en ai marre de devoir me sentir coupable pour eux »,
mais des rires, des moments où la gorge se noue quand les ravages des « robes
noires » (les Jésuites) sont évoqués… Et des Canadiens après me disaient combien
ils avaient été passionnés par ce qu’ils avaient vu et entendu. « Nos
leçons d’histoire du Canada ne nous apprennent rien sur l’histoire des
Premières nations, elles sont évacuées en quelques lignes », me confiait
un photographe de Toronto, venu assister au spectacle.
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"Global savages", donné par Debaj dans les ruines d'une ancienne mission catholique. Tous les attributs du parfait Amérindien y sont. |
1) Désolée, je trouve que cet article est hyper-mal écrit et ne reflète que très mal c e que j'ai vécu et ressenti, mais bon, on ne peut pas être génial tout le temps, hein... ;-)
2) Je milite pour que "Global savages" soit un jour donné en France, et je ferai la pub autour de moi pour que les gens y aille!
Bonjour Françoise, j'aimerais entrer en contact avec vous car j'ai décidé de partir avec mon fils en sac à dos pour le tour du monde en faisant du wwoofing. Je commence ce périple au Québec et j'aimerais m'initier à la culture amérindienne. J'ai lu votre post sur ce sujet. pouvez-vous me donner des conseils ou des coordonnées pour être plongé pendant quelques jours ou semaines dans cette culture en toute sécurité ? Merci beaucoup ! Daisy (daisy.bodin@gmail.com)
RépondreSupprimerBonjour Daisy, très bonne idée, le tour du monde en wwoofing! :-)
RépondreSupprimerAllez à Debaj, vous découvrirez la culture ojibway et dites-leur bonjour de ma part (s'ils se souviennent encore de moi, cela fait maintenant deux ans que j'y étais...).