Avec tout ça, qu’ai-je donc fait durant mes dix jours à
Beaverland Farms ? J’ai beaucoup désherbé, mulché et épandu des copeaux de
bois. En effet, Brittney et Kieran n’ont acheté la ferme que cet hiver alors
qu’elle était abandonnée depuis un an (son précédent propriétaire avait
arrêté suite à une séparation ; depuis il a totalement changé
d’orientation et a décidé de devenir rabbin), du coup elle est en plein
démarrage. Ils ont complètement repensé les lieux, fait des travées en
monticules qui dessinent une immense
feuille, ils font de la permaculture, ont débuté un jardin médicinal, un jardin
pour les papillons, ils ont planté des arbres fruitiers et vont poursuivre avec
des arbres à noix, ils ont une vingtaine de poules et trois canards, ils
espèrent avoir deux moutons, etc, etc…
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Brittney, Kieran, avec Dalton et Michmich, (car nous sommes dans le Michigan) un des trois chats (avec Mister Ocra, c'est-à-dire Monsieur Gombo, et Mirna). |
En tout, ils ont deux acres, sur vingt anciens lots
d’habitation. Ils sont propriétaires de
quatre d’entre eux, les autres appartiennent à la « land bank » qui a
repris les habitations après l’expulsion des gens, hormis deux lots qui
appartiennent encore à des gens, mais on ne sait pas trop comment ni qui… Mais
à Detroit, c’est partout comme ça.
Du coup, comme ils en sont au début, ils continuent à
travailler pour pouvoir vivre, et les mauvaises herbes en profitent pour
envahir les plates-bandes. Le désherbage était donc une grande part de mon
travail. Le mulch vient des résidus de tonte, de débroussaillage, et est
apporté par des habitants ou des employés municipaux ou autres. Les copeaux
sont fournis par une scierie, qui ainsi s’en débarrasse gratuitement. Comme le
dit Kieran, « its win-win » - c’est gagnant-gagnant- .
De toute façon, à Detroit, c’est désormais partout le règne
de la débrouillardise. On achète une maison pour 500 dollars (voire pour 5
dollars si on accepte de payer du coup les retards d’imports locaux du
précédent propriétaire), mais tout est à refaire dedans. Et on utilise ce qui est à disposition :
les gravats et les blocs de ciment laissés après lé démolition d’une maison
peuvent servir, on va chercher dans les maisons encore debout, ou dans les
écoles abandonnées suite à l’hémorragie de la population et à l’absence
d’argent…
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Argile, paille et sable (parfois odorant car très apprécié des chats...) à travailler pour faire le four à pizza. |
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Installation des blocs trouvé sur un chantier de démolition pour faire la bordure du jardin avant. |
Ainsi, parmi ce que j’ai pu faire, l’argile utilisé pour
construire un four à pizza a été trouvée sur les lieux d’une démolition, les
pierres pour le jardin de devant viennent d’une autre démolition, et les
étagères de la maison ont été fabriquées avec du bois récupéré dans l’ancienne
école du quartier, fermée en 2003. Et oui, on pourrait dire que j’ai fait du
vandalisme, sauf qu’ici tout le monde le fait, et qu’il vaut de toute façon
mieux utiliser ces matériaux abandonnés que de les laisser pourrir…
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Ecole: 1924 - 2003... |
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Tout est resté en place, alors autant se servir... |
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