Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

vendredi 21 août 2015

Fermière à Detroit, c'est quoi?

Avec tout ça, qu’ai-je donc fait durant mes dix jours à Beaverland Farms ? J’ai beaucoup désherbé, mulché et épandu des copeaux de bois. En effet, Brittney et Kieran n’ont acheté la ferme que cet hiver alors qu’elle était abandonnée depuis un an (son précédent propriétaire  avait  arrêté suite à une séparation ; depuis il a totalement changé d’orientation et a décidé de devenir rabbin), du coup elle est en plein démarrage. Ils ont complètement repensé les lieux, fait des travées en monticules qui  dessinent une immense feuille, ils font de la permaculture, ont débuté un jardin médicinal, un jardin pour les papillons, ils ont planté des arbres fruitiers et vont poursuivre avec des arbres à noix, ils ont une vingtaine de poules et trois canards, ils espèrent avoir deux moutons, etc, etc…
Brittney, Kieran, avec Dalton et Michmich, (car nous sommes dans le Michigan) un des trois chats (avec Mister Ocra, c'est-à-dire Monsieur Gombo, et Mirna).
En tout, ils ont deux acres, sur vingt anciens lots d’habitation.  Ils sont propriétaires de quatre d’entre eux, les autres appartiennent à la « land bank » qui a repris les habitations après l’expulsion des gens, hormis deux lots qui appartiennent encore à des gens, mais on ne sait pas trop comment ni qui… Mais à Detroit, c’est partout comme ça.

Du coup, comme ils en sont au début, ils continuent à travailler pour pouvoir vivre, et les mauvaises herbes en profitent pour envahir les plates-bandes. Le désherbage était donc une grande part de mon travail. Le mulch vient des résidus de tonte, de débroussaillage, et est apporté par des habitants ou des employés municipaux ou autres. Les copeaux sont fournis par une scierie, qui ainsi s’en débarrasse gratuitement. Comme le dit Kieran, « its win-win » - c’est gagnant-gagnant- .

De toute façon, à Detroit, c’est désormais partout le règne de la débrouillardise. On achète une maison pour 500 dollars (voire pour 5 dollars si on accepte de payer du coup les retards d’imports locaux du précédent propriétaire), mais tout est à refaire dedans.  Et on utilise ce qui est à disposition : les gravats et les blocs de ciment laissés après lé démolition d’une maison peuvent servir, on va chercher dans les maisons encore debout, ou dans les écoles abandonnées suite à l’hémorragie de la population et à l’absence d’argent…
Argile, paille et sable (parfois odorant car très apprécié des chats...) à travailler pour faire le four à pizza.

Installation des blocs trouvé sur un chantier de démolition pour faire la bordure du jardin avant.


Ainsi, parmi ce que j’ai pu faire, l’argile utilisé pour construire un four à pizza a été trouvée sur les lieux d’une démolition, les pierres pour le jardin de devant viennent d’une autre démolition, et les étagères de la maison ont été fabriquées avec du bois récupéré dans l’ancienne école du quartier, fermée en 2003. Et oui, on pourrait dire que j’ai fait du vandalisme, sauf qu’ici tout le monde le fait, et qu’il vaut de toute façon mieux utiliser ces matériaux abandonnés que de les laisser pourrir…
Ecole: 1924 - 2003...

Tout est resté en place, alors autant se servir...


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