Du wwoofing à Detroit ?
En pleine ville ? Et oui ! « Motor City » la ville où
étaient jadis fabriquées pratiquement toutes les voitures circulant sur les
routes américaines est aujourd’hui une ville où l’on trouve de nombreuses
fermes.
Explication : jusque dans les années 50 – 60, Detroit
était la cinquième plus grande ville des USA, une des plus riches également.
Mais elle avait fait une grosse erreur : mettre tous ses œufs dans le même
panier, et ne vivre que de l’industrie automobile.
Cette industrie avait besoin d’ouvriers, et nombre
d’Afro-Américains sont venus à Detroit. Du fait des tensions raciales, à partir
des années 60, les blancs – en général plus aisés - ont commencé à quitter la ville. La crise du
pétrole est arrivée là-dessus, ainsi que la montée de l’automatisation, d’où
les pertes d’emploi, et la ville a commencé à
se paupériser et à entamer sa longue décadence.
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Et encore, ces images ne reflètent qu'une partie de la réalité. J''étais là pour wwoofer, pas pour faire un reportage photo. Sur le net, vous pouvez trouver des photos impressionnantes, en particulier de la gare, magnifique bâtiment en ruine. |
Crime, violence, drogue, Detroit est devenue une des villes
les plus dangereuses des USA ; les gens ne pouvant plus payer leur
logement (ah, que de choses on pourrait écrire sur les établissements de crédit
qui promettent monts et merveilles de la consommation et plongent les gens dans le
surendettement…), ils ont été expulsés. Et à Detroit, c’était en
masse ! L’hémorragie démographique
était telle qu’en quelques décennies, la ville est passée de 1,8 millions
d’habitants à 700 000 aujourd’hui…
Banqueroute
Qui dit moins d'habitant dit moins de taxes locales qui rentrent pour la ville, alors que la taille des réseaux à entretenir et alimenter (eau, électricité, transports, etc) restait la même. Et la population restant étant pauvre, les problèmes étaient multipliés. La crise de 2008 n'a été que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase; les transports publics sont quasi-inexistants désormais, l'éclairage public fonctionne à moitié, il n'y a plus de trains, la gare est en ruines... Le seul moyen pour la Ville de s'en sortir, était de se déclarer officiellement en banqueroute, en 2013, afin d'éliminer ses créances. Detroit est la plus grande ville américaine à s'être mise en banqueroute; elle est désormais gérée par un mandataire financier.
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Partout, on trouve ces maisons abandonnées, parfois seules, parfois une ligne entière, parfois voisines de maisons en parfait état. |
Quant aux maisons abandonnées par milliers, elles ont été
détruites, du coup la nature a repris ses droits, l’herbe a poussé. Au cours
des années 2000, des habitants ont décidé d’utiliser ces espaces vides pour y
faire de l’agriculture, et c’est ainsi que Detroit est devenue un haut-lieu de
l’agriculture urbaine, avec toute une réflexion sur la ville de demain… et que
j’ai donc décidé de venir wwoofer ici.
Grand écart permanent
Detroit, c’est aujourd’hui ce constant grand écart :
des rues en déliquescence, des magasins aux vitrines fermées de bardeaux
couverts de graffitis, des maisons abandonnées, où soit les plantes poussent partout, soit elles ont brulé et ne
restent plus que des moignons noircis. Souvent, une maison abandonnée cotoie
une maison habitée et toute proprette. Puis on arrive à un adorable quartier avec ses
maisons de brique style campagne anglaise, des pelouses en parfait état, des
parcs… C’est assez surréaliste…
En résumant, Detroit aujourd’hui, c’est 1) un downtown en
parfait état (il a relativement peu souffert, et par ailleurs la Ville l’a pas mal vendu aux
investisseurs, qui le retapent, mais bien
sûr on se doute qu’ils ne font pas cela par charité ; les loyers
montent en flèche, les anciens habitants sont donc obligés de partir pour
laisser la place à des gens plus « acceptables »…) ; cet ilôt de
richesse et de business est entouré par
2) la ville en ruine, peuplée majoritairement par des Afro-Américains, puis
plus on s’éloigne et plus on retrouve 3) de jolies quartiers propres, ou bien
les fermes, créées majoritairement par des blancs.
Bref, on se doute que rien n’est simple…
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