Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

vendredi 21 août 2015

Brightmoor, la campagne en ville

Donc, Detroit, ville en déliquescence, mais aussi ville dont certains habitants ont décidé de se retrousser les manches et d’utiliser tout ces espaces vacants pour y faire de l’agriculture. Et par la même occasion essayer de réfléchir à une nouvelle manière d’envisager la ville du futur.

Et c’est ainsi que j’ai passé dix jours chez Brittney et Kieran, à Beaverland Farms, en plein cœur de Brightmoor, « le » quartier agricole de Detroit. Brightmoor, me disait Rosalynd, une habitante qui vient d’ouvrir une « tea house », « dans les années 80 et 90 c’était comme Beyrouth», un des pires quartiers de Detroit : crack, trafic de drogue, armes à feu, prostitution, et tout le reste…

Difficile à imaginer aujourd’hui :  En arrivant à Beaverland Street,  même si je savais que j’arrivais dans un quartier de fermes, cela a été un choc : on était presque à la campagne ! Une rue ombragée d’immenses arbres, du vert, du vert et encore du vert, des grillons… Alors qu’au coin de la rue, c’est le Detroit encore en déchéance, magasins fermés, hormis les « liquor stores » et les stations-service.
Beaverland Farms occupe ce qui était auparavant vingt lots d'habitations.

Neighbours building Brightmoor, l'association du quartier, mène une foule d'actions, comme ici la présentation d'oeuvres d'art dans les différentes fermes.

Des ruches, des fleurs, à deux pas d'une rue en déliquescence.
En fait, étant un des pires quartiers, c’est un de ceux qui a eu la plus grande hémorragie d’habitants, et donc le plus grand nombre de maisons démolies. Et donc la plus importante possibilité d’espace pour y faire de l’agriculture.


Brightmoor aujourd'hui: des maisons au milieu d'immenses espaces rendus à la nature. Est-on en ville ou à la campagne?

La renaissance de Brightmoor a été initiée par un couple, Briet et Marck, qui ont démarré une ferme en 2006. Mais pas que. Le couple était très actif dans le travail avec les jeunes, Briet a donc créé un « youth community garden » pour les lycéens, puis petit à petit d’autres se sont lancés, et cela s’est su ; des gens sont venus habiter à Brightmoor – aujourd’hui c’est le seul quartier de Detroit dont la population augmente – pour y faire de l’agriculture.
Briet et Marck, avec "knucklehead farm", ont démarré la dynamique verte à Brightmoor.

Briet a créé un Youth community garden pour et avec les jeunes du quartier.

Aux alentours de « Farmway » comme est maintenant appelé ce coin de Brightmoor, on trouve désormais un jardin collectif comestible, des « mini-jardins » pour les enfants, etc. Des gens d’autres quartiers de Detroit, d’autre villes, d’autres pays, viennent chercher des idées. Tous se sont regroupés dans l’association « Neighbours building Brightmoor », qui agit sur tous les plans : nettoyage des lieux abandonnés, éducation à une meilleure alimentation, jardinage, etc…


Bon, ce n’est pas idyllique : les fermes et jardins sont surtout le fait de blancs, dont certains sont des gens d’autres lieux des USA venus vivre cette dynamique ; mais les habitants afro-américains ne le vivent parfois pas toujours très bien. « Neighbours building Brightmoor » essaye d’ailleurs de travailler sur « comment intégrer les habitants « historiques » du quartier » mais le travail est long et difficile.
Mimi jardin, mais hélas vide d'enfants. Les parents sont encore marqués par le danger de laisser leurs enfants jouer dehors.
Ainsi, les jardins collectifs sont quasiment vides, car « beaucoup de ces habitants de longue date de Brightmoor ont encore en tête le fait que laisser leurs enfants jouer dehors est dangereux », m’expliquait Rosalynd dans sa tea house. Et pour encourager la population pauvre à venir acheter des légumes frais dans les  mini-marchés de quartier, un système  été mis en place, le « double your food bucks » : la valeur de leurs bons d’achats est doublée lorsqu’ils achètent dans ces marchés.

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