Donc, Detroit, ville en déliquescence, mais aussi ville dont certains
habitants ont décidé de se retrousser les manches et d’utiliser tout ces
espaces vacants pour y faire de l’agriculture. Et par la même occasion essayer
de réfléchir à une nouvelle manière d’envisager la ville du futur.
Et c’est ainsi que j’ai passé dix jours chez Brittney et Kieran, à
Beaverland Farms, en plein cœur de Brightmoor, « le » quartier
agricole de Detroit. Brightmoor, me disait Rosalynd, une habitante qui vient
d’ouvrir une « tea house », « dans les années 80 et 90 c’était
comme Beyrouth», un des pires quartiers de Detroit : crack, trafic de
drogue, armes à feu, prostitution, et tout le reste…
Difficile à imaginer aujourd’hui : En arrivant à
Beaverland Street, même si je savais que j’arrivais dans un
quartier de fermes, cela a été un choc : on était presque à la
campagne ! Une rue ombragée d’immenses arbres, du vert, du vert et encore
du vert, des grillons… Alors qu’au coin de la rue, c’est le Detroit encore en
déchéance, magasins fermés, hormis les « liquor stores » et les
stations-service.
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Beaverland Farms occupe ce qui était auparavant vingt lots d'habitations. |
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Neighbours building Brightmoor, l'association du quartier, mène une foule d'actions, comme ici la présentation d'oeuvres d'art dans les différentes fermes. |
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Des ruches, des fleurs, à deux pas d'une rue en déliquescence. |
En fait, étant un des pires quartiers, c’est un de ceux qui a eu la plus
grande hémorragie d’habitants, et donc le plus grand nombre de maisons démolies.
Et donc la plus importante possibilité d’espace pour y faire de l’agriculture.
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Brightmoor aujourd'hui: des maisons au milieu d'immenses espaces rendus à la nature. Est-on en ville ou à la campagne? |
La renaissance de Brightmoor a été initiée par un couple, Briet et Marck,
qui ont démarré une ferme en 2006. Mais pas que. Le couple était très actif
dans le travail avec les jeunes, Briet a donc créé un « youth community garden »
pour les lycéens, puis petit à petit d’autres se sont lancés, et cela s’est su ;
des gens sont venus habiter à Brightmoor – aujourd’hui c’est le seul quartier
de Detroit dont la population augmente – pour y faire de l’agriculture.
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Briet et Marck, avec "knucklehead farm", ont démarré la dynamique verte à Brightmoor. |
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Briet a créé un Youth community garden pour et avec les jeunes du quartier. |
Aux alentours de « Farmway » comme est maintenant appelé ce coin
de Brightmoor, on trouve désormais un jardin collectif comestible, des « mini-jardins »
pour les enfants, etc. Des gens d’autres quartiers de Detroit, d’autre villes,
d’autres pays, viennent chercher des idées. Tous se sont regroupés dans l’association
« Neighbours building Brightmoor », qui agit sur tous les plans :
nettoyage des lieux abandonnés, éducation à une meilleure alimentation,
jardinage, etc…
Bon, ce n’est pas idyllique : les fermes et jardins sont surtout le
fait de blancs, dont certains sont des gens d’autres lieux des USA venus vivre
cette dynamique ; mais les habitants afro-américains ne le vivent parfois
pas toujours très bien. « Neighbours building Brightmoor » essaye d’ailleurs
de travailler sur « comment intégrer les habitants « historiques »
du quartier » mais le travail est long et difficile.
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Mimi jardin, mais hélas vide d'enfants. Les parents sont encore marqués par le danger de laisser leurs enfants jouer dehors. |
Ainsi, les jardins collectifs sont quasiment vides, car « beaucoup de
ces habitants de longue date de Brightmoor ont encore en tête le fait que
laisser leurs enfants jouer dehors est dangereux », m’expliquait Rosalynd
dans sa tea house. Et pour encourager la population pauvre à venir acheter des
légumes frais dans les mini-marchés de
quartier, un système été mis en place,
le « double your food bucks » : la valeur de leurs bons d’achats
est doublée lorsqu’ils achètent dans ces marchés.
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