A chaque lieu où je wwoofe,
je rencontre des gens passionnants. En fait, le monde est rempli de gens
passionnants ! Cela peut sembler évident à dire, mais on l’oublie souvent…
Au coin de chaque rue, il y a des rencontres merveilleuses à faire. Alors, voici quelques portraits de
mes rencontres à Detroit…
Brittney et Kieran, mes hôtes, sont du Minnesota et de
l’Ohio. Ils ont fait des études, lui de littérature, elle de sciences
politiques, mais ils ont vite compris que ce qu’ils aimaient, c’était
l’agriculture. Après avoir wwoofé et travaillé dans des fermes partout aux USA
durant quatre ans, ils sont venus à Detroit car c’était le seul endroit où ils
pouvaient se permettre d’acheter une ferme, la terre étant trop chère ailleurs.
Mais leur rêve est, d’ici quelques années, de pouvoir trouver une ferme dans la
vraie campagne, plus au nord du Michigan.
Juste à côté de Beaverland Farms, se trouvent Nick et
Brooke, de Pennsylvanie. Au cours d’un périple à vélo à travers les USA, ils
ont voulu découvrir Detroit, dont on leur avait dit que c’était
« l’apocalypse ». Ils ont wwoofé chez Kieran et Brittney au
printemps, Detroit leur a plu et ils ont décidé de rester. Après avoir vécu
dans une caravane, ils ont acheté une maison pour trois fois rien et la
retapent entièrement ; ils vivent en faisant de la poterie, en vendant des
vêtements de récup’ et ils ont aussi créé un jardin. Je n’oublie pas ma
première rencontre avec Nick : un « hey » en faisant le signe « peace
and love », avant de me parler de Kristiania, la « ville libre »
hippie de Copenhague… Sourire…
|
Brooke présente à Dalton un des chiots qu'elle et Nick ont reçu d'Ethan. Elle a une serviette car l'eau ne fonctionne pas toujours dans leur maison, ils utilisent donc la salle de bain de Brittney et Kieran. |
Leur voisin, Jeffrey, doit aussi faire une maison, mais pour
le moment il a surtout mis quelques plantes et du récup’art en forme de cœur
et de signe « peace and love (lui
aussi..). Un peu plus loin, Ethan vit
dans une maison de bric et de broc, avec son amie Regal et une tripotée de
chiens. Bon, de 18, il est passé à 8, les autres ont été donnés… entre autres à
Nick et Brooke qui en ont maintenant deux.
|
Ethan et Regal devant leur maison, en bois de récup'. |
|
Leur cuisine, sorte de comptoir de banque ou je ne sais trop quoi.... |
Voisins de Briet et Marck, Lisa, fleuriste, et son mari Roberto, de
Chicago, sont venus à Detroit car ils voulaient vivre cette expérience de
renaissance de la ville ; mais les sœurs de Lisa refusent de venir les
voir à Detroit avec leurs enfants, elles ont trop peur…. leur jardin est une
débauche de cosmos, et Lisa espère être fleuriste à mi-temps d’ici un an ici.
|
Dans Bayfield Street, il y a dix ans, régnaient le crack, les armes et la prostitution. Aujourd'hui, la rue est appelée Farmway et Lisa y cultive les fleurs. |
Jennyfer a voulu elle aussi vivre cette expérience d’une
meilleure alimentation, d’une ville plus verte, plus environnementale ;
elle a trouvé une ancienne ferme et a démarré l’agriculture il y a un peu plus
d’un an. Elle habite un peu plus au nord de Brightmoor, et comme son t-shirt
l’indique, là-bas aussi des habitants s'impliquent pour donner une nouvelle vie au quartier.
Rosalynd, ancienne assistante sociale du côté Est de
Detroit, est venue à Brightmoor elle aussi pour participer à cette aventure.
Elle vient d’ouvrir une tea house dans une maison abandonnée.
Sur Grand River Avenue, l’artiste Olayami Dabls a investi
des friches pour en faire un délirant musée en plein air, à base de
récupération de miroirs. Detroit attire des artistes de partout, car ses
friches et lieux abandonnés offrent des lieux exceptionnels pour s’exprimer. Et
même si Dabls se doute que la ville n’aime que très moyennement cela, il sait
aussi qu’elle s’est rendu compte que les artistes comme lui attirent des
visiteurs. Elle laisse donc faire.
|
Olayami Dabls a recouvert de miroirs tout un pâté de maisons. |
|
Ce jour-là, trois artistes new-yorkais et un de Detroit étaient là: Brian oscar Wriklès, Jesse Zhang, Rafia Santana et William J. |
Malik Yakini, lui, est un militant de la cause noire
américaine. Voyant que les fermes et les actions pour une meilleure
alimentation étaient majoritairement faites par des blancs alors que Detroit
est à 84% noire, il a créé une ferme pour enseigner l’agriculture à la
communauté afro-américaine de Detroit.
Les volontaires qui y travaillent sont aussi bien blancs que noirs.
Comme l’explique Malik, « je ne suis pas anti-blanc, je suis pro-noir. Je
veux que les Afro-Américains se réapproprient leur histoire. » Un discours qui m’a beaucoup rappelé celui de
Debajehmujig à Manitoulin Island pour les Amérindiens, le militantisme en plus.
Je n’ai hélas pas de photos de lui, le jardin était écrasé de chaleur quand j’y
étais et la lumière trop contrastée, mais on peut aller sur le site de DBCFSN
(Detroit black community food secrurity network).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire