Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

vendredi 21 août 2015

Detroit, portraits humains...

A chaque lieu où je wwoofe,  je rencontre des gens passionnants. En fait, le monde est rempli de gens passionnants ! Cela peut sembler évident à dire, mais on l’oublie souvent… Au coin de chaque rue, il y a des rencontres merveilleuses  à faire. Alors, voici quelques portraits de mes rencontres à Detroit…

Brittney et Kieran, mes hôtes, sont du Minnesota et de l’Ohio. Ils ont fait des études, lui de littérature, elle de sciences politiques, mais ils ont vite compris que ce qu’ils aimaient, c’était l’agriculture. Après avoir wwoofé et travaillé dans des fermes partout aux USA durant quatre ans, ils sont venus à Detroit car c’était le seul endroit où ils pouvaient se permettre d’acheter une ferme, la terre étant trop chère ailleurs. Mais leur rêve est, d’ici quelques années, de pouvoir trouver une ferme dans la vraie campagne, plus au nord du Michigan.

Juste à côté de Beaverland Farms, se trouvent Nick et Brooke, de Pennsylvanie. Au cours d’un périple à vélo à travers les USA, ils ont voulu découvrir Detroit, dont on leur avait dit que c’était « l’apocalypse ». Ils ont wwoofé chez Kieran et Brittney au printemps, Detroit leur a plu et ils ont décidé de rester. Après avoir vécu dans une caravane, ils ont acheté une maison pour trois fois rien et la retapent entièrement ; ils vivent en faisant de la poterie, en vendant des vêtements de récup’ et ils ont aussi créé un jardin. Je n’oublie pas ma première rencontre avec Nick : un « hey » en faisant le signe « peace and love », avant de me parler de Kristiania, la « ville libre » hippie de Copenhague… Sourire…
Brooke présente à Dalton un des chiots qu'elle et Nick ont reçu d'Ethan. Elle a une serviette car l'eau ne fonctionne pas toujours dans leur maison, ils utilisent donc la salle de bain de Brittney et Kieran. 

Leur voisin, Jeffrey, doit aussi faire une maison, mais pour le moment il a surtout mis quelques plantes et du récup’art en forme de cœur et  de signe « peace and love  (lui aussi..).  Un peu plus loin, Ethan vit dans une maison de bric et de broc, avec son amie Regal et une tripotée de chiens. Bon, de 18, il est passé à 8, les autres ont été donnés… entre autres à Nick et Brooke qui en ont maintenant deux.
Ethan et Regal devant leur maison, en bois de récup'.

Leur cuisine, sorte de comptoir de banque ou je ne sais trop quoi....

Voisins de Briet et Marck,  Lisa, fleuriste, et son mari Roberto, de Chicago, sont venus à Detroit car ils voulaient vivre cette expérience de renaissance de la ville ; mais les sœurs de Lisa refusent de venir les voir à Detroit avec leurs enfants, elles ont trop peur…. leur jardin est une débauche de cosmos, et Lisa espère être fleuriste à mi-temps d’ici un an ici.
Dans Bayfield Street, il y a dix ans, régnaient le crack, les armes et la prostitution. Aujourd'hui, la rue est appelée Farmway et Lisa y cultive les fleurs.
Jennyfer a voulu elle aussi vivre cette expérience d’une meilleure alimentation, d’une ville plus verte, plus environnementale ; elle a trouvé une ancienne ferme et a démarré l’agriculture il y a un peu plus d’un an. Elle habite un peu plus au nord de Brightmoor, et comme son t-shirt l’indique, là-bas aussi des habitants s'impliquent pour donner une nouvelle vie au quartier. 

Rosalynd, ancienne assistante sociale du côté Est de Detroit, est venue à Brightmoor elle aussi pour participer à cette aventure. Elle vient d’ouvrir une tea house dans une maison abandonnée.

Sur Grand River Avenue, l’artiste Olayami Dabls a investi des friches pour en faire un délirant musée en plein air, à base de récupération de miroirs. Detroit attire des artistes de partout, car ses friches et lieux abandonnés offrent des lieux exceptionnels pour s’exprimer. Et même si Dabls se doute que la ville n’aime que très moyennement cela, il sait aussi qu’elle s’est rendu compte que les artistes comme lui attirent des visiteurs. Elle laisse donc faire.
Olayami Dabls a recouvert de miroirs tout un pâté de maisons.

Ce jour-là, trois artistes new-yorkais et un de Detroit étaient là: Brian oscar Wriklès, Jesse Zhang, Rafia Santana et William J. 


Malik Yakini, lui, est un militant de la cause noire américaine. Voyant que les fermes et les actions pour une meilleure alimentation étaient majoritairement faites par des blancs alors que Detroit est à 84% noire, il a créé une ferme pour enseigner l’agriculture à la communauté afro-américaine de Detroit.  Les volontaires qui y travaillent sont aussi bien blancs que noirs. Comme l’explique Malik, « je ne suis pas anti-blanc, je suis pro-noir. Je veux que les Afro-Américains se réapproprient leur histoire. »  Un discours qui m’a beaucoup rappelé celui de Debajehmujig à Manitoulin Island pour les Amérindiens, le militantisme en plus. Je n’ai hélas pas de photos de lui, le jardin était écrasé de chaleur quand j’y étais et la lumière trop contrastée, mais on peut aller sur le site de DBCFSN (Detroit black community food secrurity network). 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire