Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

mardi 1 décembre 2015

Huahine, l'île sensuelle

"Tu sais ce que signifie Huahiné? Le vagin de la femme, en raison de sa forme, avec ses deux îles collées l'une à l'autre." Celle qui me dit cela, Elise, est une armoire à glace. Biceps de bûcheron, mains comme des battoir, mais une gentille armoire à glace. De retour du travail, elle m'a prise en stop et, avec cette légendaire gentillesse des Polynésiens, elle se parle de son île. Huahiné, l'île sensuelle...  La nature y offre en effet profusion d'images masculines et féminines: "la femme couchée", trois montagnes qui forment une femme enceinte, le moa (sexe) de Hiro, une montagne semblable à un sexe masculin... Et les marae (lieux sacrés) y sont légion.
La femme couchée...

Et le moa de Hiro.


Huahiné, une île où j'ai passé une semaine, à simplement laisser passer le temps (et à me mettre à jour sur mon ordi!) à la pension "Chez Guynette", à savourer le fait d'être au milieu du village, avec du monde, des gens à regarder passer, le petit marché chaque jour... Après les Tuamotu et leur splendide solitude, j'avais besoin de cela: du monde, mais pas trop, pas "la grande ville" de Papeete mais un petit village où tout le monde se connaît, des papotages, la terrasse de Guynette et ses habitués, des balades, la petite roulotte où l'on va déguster des brochettes de poisson ou de coeur d'agneau, la plage à deux pas, les cargos desservant les îles qui chargent et déchargent devant mon nez...

Et j'ai aimé, tout simplement, avoir du vert et du relief devant mes yeux, vision rassurante pour la terrienne que je suis après l'immensité plane et bleue des Tuamotu.

Les cargos, rêve d'ailleurs...

Laurence, patronne de Guynette. Guynette, c'est la pension, mais c'est aussi la sympathique saucisse à quatre pattes sur la photo. 

Quand Guynette est fermée, Richard va lire le journal sous le fare.
Au marché, la pêche de la nuit est à vendre.

En même temps que moi, logeaient à la pension Alex et Justine, un jeune couple toulousain qui fait lui aussi le tour du monde, par workaway: le même principe que le wwoofing, mais les travaux peuvent être ailleurs que dans les fermes. Ainsi, chez Guynette, ils rénovaient les chambres de la pension, travaillaient le matin et avaient l'après-midi libre.
Alex et Justine, "workawayistes" chez Guynette.

Tous les trois nous sommes allés faire le tour de l'île, farniente sur cette plage...

Nous sommes allés ensemble faire le tour de l'île, avons pu rencontrer ainsi François dans sa plantation de vanille. Il nous a présenté sa plantation avec bonheur, décrochant par la même occasion ici une pomme-cannelle, là une papaye, là encore trois pamplemousses... Lorsque nous sommes repartis, nous avions les bras chargés de fruits.
François, cabotin dans l'âme...

Il nous montre comment on fertilise la vanille: "Les abeilles, c'est nous!"



Cabotin, comédien, François montre avec fierté toutes les photos où il pose avec ses visiteurs; il aime tellement la vanille qu'il l'a fait tatouer sur son dos, un tatouage qui tranche avec ceux que les gens arborent ici, magnifiques tatouages polynésiens qui, ici, ont tout leur sens. Je ne crois que je n'ai pas vu un Polynésien, homme ou femme, qui n'avait pas un tatouage avec les figures sacrées, bel hommage à leur culture.

Laisser passer le temps...


Qu'est-ce que j'ai fait à Huahiné? En fait pas grand chose, mais que c'était bon! Si, j'ai plongé, tout de même, et même si les fonds n'ont pas la beauté ni la richesse des Tuamotu, la plongée dans la passe m'a permis d'en prendre plein les yeux avec les requins gris. Tous dans le même sens, comme s'ils avaient un rendez-vous pour un meeting de requins, ils passaient à quelques mètres de nous, immobiles sur le fond; je pouvais voir leurs yeux, leur bouche...

J'ai bien dû en voir une centaine! En fait, m'ont expliqué Manu et Michel, du club de plongée, ils sont une vingtaine, et ils passent et repassent. Car la configuration du lieu est idéale pour leur permettre de s'oxygéner sans se fatiguer. Ils se placent face au courant, et c'est bon! "Un requin a besoin de bouger en permanence pour s'oxygéner, m'explique Michel, s'il est pris dans un filet et immobilisé, il meurt." Ma centaine n'était donc qu'une vingtaine, mais je m'en fiche: le spectacle était incroyable.

Alors certes, je n'ai pas vu Maupiti qui, pour pratiquement tous les gens qui habitent ici, est leur île préférée,  magique par sa beauté, "Bora Bora il y a trente ans, avant le tourisme" dit-on, lagon splendide dominé par sa montagne, mais cela ne fait rien. J'ai aimé Huahiné.









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