Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

samedi 11 juillet 2015

Ma cabane au Canada




 Oui, bon, je sais, c’est facile, mais je n’ai pas résisté à la tentation de faire ce titre… J’aurais pu l’intituler aussi « un samedi soir avec les poules » ou encore « tout commença par une baignoire ». Me voici donc à Deer Lake lodge, ma seconde étape de wwoofing, à South River, dans le nord de l’Ontario, près du parc national Algonquin. Je suis chez Jon et Megan Sheppard, et leur fils de neuf mois Samuel. 


Précision : cela fait une semaine que j’y suis, mais entre Windows 8 qui me faisait des misères et la connexion très mauvaise chez Megan et Jon, je n’ai rien pu écrire sur mon blog. Un blog bloqué, c’est ballot… Je ne compte plus les crises de nerfs – heureusement pour Jon et Megan, elles étaient intérieures… - que j’ai vécues. « SOS Lulu et Elisabeth dépannage informatique », vous me manquez !!!! :-)

De Julius et Louisa à Jon et Megan


Donc, Deer lake lodge est un ancien pavillon de chasse, construit au début du XXe siècle par William  Detta, fils de Julius et Louisa Detta; Jon et Megan ont un vieux livre de photos de la famille Detta : Julius et Louisa ont émigré d’Allemagne en 1884 avec leurs sept enfants ; ils sont arrivés ici avec en tout et pour tous une vache et un sac de farine. Les fondations de leur cabane existent encore. La première année de leur installation, ils ont vécu de soupe de navets. Quand on sait qu’en plus, les hivers ici vont facilement à – 40, que la région était encore quasiment inconnue, et que ces gens savaient que jamais ils ne reverraient leur terre natale, je prends conscience ici de façon très concrète combien tous ces pionniers anonymes avaient un sacré courage… Moi, mon tour du monde, je le fais avec un billet d’avion déjà acheté, je reste en lien avec la France grâce à internet, et je retrouve mon travail et mes proches dans un an. Il n’y a que cent ans de différence, mais ces cent ans sont un univers entier.


Jon et Megan ont acheté le lodge, alors en très mauvais état, il y a environ quatre ans pour en faire une chambre d’hôtes. Ce qui a décidé de leur achat ? La baignoire. « J’en suis tombée amoureuse, elle est d’origine,» me raconte Megan. Et c’est vrai qu’elle a fière allure, trônant au milieu de la salle de bain comme on aimait le faire à l’époque où la baignoire était une rareté. D’après Jon, c’est plutôt la grange qui les a fait craquer…

Deer lake lodge date des années 30.

La grange date de 1949.

C'est vrai que la baignoire a une certaine élégance, trônant au milieu de la salle de bain.

Le couple a entièrement retapé le lodge, il a fait un sacré chouette travail, et l’a meublé en un « country style » chaleureux. Megan est monitrice d’équitation, elle a été sage-femme, lui a travaillé dans le bois et a été chef dans un restaurant italien durant une dizaine d’année.  Ils espèrent arriver un jour à vivre de leur lodge, mais ils en sont encore au tout début du projet. Pour vivre, Megan continue de donner des cours d’équitation, elle est serveuse dans un restaurant les vendredis et samedis soirs, Jon construit ou agrandit des cabanes pour des clients, ils cultivent leur potager, font chambre et table d’hôtes, louent leur magnifique grange pour des mariages... 


Jusqu’à récemment ils avaient aussi des chevaux en pension, et quatre vaches, mais avec la naissance de Samuel ils ont dû arrêter car ils n’ont plus le temps. Ils ont aussi dû vendre un de leurs chevaux, Peps ; restent aujourd’hui Mighty et Flurry,  en plus de Bruce le berger allemand.

Si tout va bien, Jon compte construire une cabane de rondins, une cabane dans les arbres et une tente de prospecteur pour les clients.

Désherber, le yoga nature


Mon travail ici est principalement dans le potager, désherber, planter… J’adore désherber ! C’est ludique, les mauvaises herbes ont la gentillesse de se laisser arracher très facilement – hormis le pissenlit et une sorte de piquants, des saloupiauds qui s’ancrent fermement dans la terre – du coup on voit vite l’avancée de son travail. Et puis, on peut laisser son esprit vagabonder tranquillement, ou discuter, ou évacuer sa mauvaise humeur : rien de mieux pour se défouler que de faire un jeu de massacre dans les mauvaises herbes… Et quand les mauvaises herbes sont trop petites pour les arracher, j’utilise un instrument magique, une sorte de binette où les dents sont remplacées par six éperons de cowboy : on fait tourner le truc d’avant en arrière et ça vous arrache les petites mauvaises herbes comme de rien. Sinon, il y a le nettoyage des boxes des chevaux, ou encore les coups de main à Megan pour les tâches de la maison.

Petit Samuel profite du travail de Maman Megan pour découvrir le potager.


Ah oui, et samedi soir, le coq et ses dix poules se sont échappés ; avec Dale, la mère de Megan – je reparlerai d’elle plus tard, c’est aussi un sacré personnage - nous avons passé notre soirée à leur courir après pour les ramener au bercail. A deux, face à une dizaine de volatiles s’égaillant dans tous les sens, le spectacle était assez intéressant. D’autant plus que le coq, fort inquiet de nos tentatives de kidnapping de poules, s’évertuait à contrer nos stratégies et s’est vaillamment attaqué à mes mollets lorsque j’ai réussi à coincer une de ses poules sous son bec. Il n’y a ni photos ni vidéos de ce moment historique, j’ai ma fierté tout de même…

Dimanche, pour compenser, j’ai été découvrir Deer Lake (le lac du cerf). Et là, devant moi j’avais le Canada de carte postale: le lac entouré de forêt, les cabanes ou maison de bois au bord de l’eau, et personne sur la rive à part moi. Le bonheur… Qu’est-ce que je disais tout à l’heure ? Ma cabane au Canada ? Ben… Oui. 


Deer lake, pour aller me baigner.


2 commentaires:

  1. Eh eh tu te rattraperas au retour je ne m'en fait pas!
    C'est super chouette cet endroit que tu as trouvé la : la maison les environs, le lac ca donne envie

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  2. Niet! Je serai devenue une pro du bidouillage informatique! Enfin, le tout c'est d'y croire :-)

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