Meurtres en série
Au fil des jours à Deer lake lodge, je suis devenue une
meurtrière en série avec un plaisir incroyable ! En effet, en été au
Canada, on n’est jamais seul. On est en permanence entouré par des habitants
qui nous aiment beaucoup, vraiment beaucoup : moustiques, taons et autres
mouches noires. Dans la journée, ce sont plutôt les mouches noires (qui
mordent) et les taons. L’avantage avec les taons canadiens, c’est qu’ils sont
tellement idiots (ou goinfres ?) qu’ils ne se rendent même pas compte qu’une
main vengeresse s’avance pour leur filer un bon coup entre les antennes. Et
paf ! Un en moins. Et repaf ! Un autre en moins, le bonheur… L’autre
avantage des taons d’ici, c’est que l’effet douloureux de leur morsure ne dure
pas, et qu’on s’habitue assez vite.
Les moustiques, en revanche, ça c’est autre chose… Dans la
journée, ils sont déjà là, et dès que le soir arrive, c’est l’enfer. Un nuage
vrombissant plonge sur vous, et il est éminemment frustrant de ne pas pouvoir
savourer la douceur du soir sur la
galerie de Deer lake lodge… Même les répulsifs n’y suffisent pas, les
moustiques trouvent toujours le millimètre carré de peau qui n’en a pas
eu ; les serpentins qu’on brûle (tous les voyageurs de pays à moustiques
connaissent ces fameux serpentins verts) n’ont pas eu plus d’effet. La seule
issue était d’être à l’intérieur, privée de ces moments de calme, lorsque le
jour cède la place à la nuit…
Heureusement, pour travailler la journée dans le jardin,
j’ai trouvé mon arme magique ! Les country guêtres ! Inventées par
une jeune créatrice de Sélestat, Belle Lurette et compagnie (allez voir sa page sur facebook : belleluretteetcie), elles se révèlent
être d’une efficacité redoutable. Avec elles, je peux travailler en short tout
en gardant à l’abri mes mollets et mes chevilles, les endroits les plus exposés. Et en plus, avec leurs couleurs bourrées d’humour, cela a un petit côté top model très élégant…
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Sans les guêtres... |
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Avec les guêtres. Ou comment jardiner en toute tranquillté et avec élégance... |
Ma cabane au Canada (bis)
J’en avais déjà parlé, Jon et Megan en sont encore au début
de leur projet de chambre d’hôtes, et pour le financer, ils travaillent par
ailleurs. Jon ayant travaillé durant une quinzaine d’années en Colombie
britannique dans la construction de bâtiments en rondins, il réalise actuellement
une cabane pour un client. Deux étages, deux chambres, deux salles de bain, un
salon en loft, un balcon… Mis à part le fait qu’il n’a pas coupé lui-même les
arbres, il fait tout le reste. Son oncle Dave vient l’aider ; au printemps
ils ont écorcé les troncs puis les ont entièrement poncés. Ils s’attaquent
maintenant à la construction elle-même, avec la découpe et l’assemblage des
rondins, une tonne chacun. Jon espère finir dans quelques mois, il leur faudra
ensuite démonter la cabane pour la remonter chez le client.
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Après avoir poncé chaque rondin au printemps, Jon et Dave ont commencé il y a quelques jours leur découpe et leur assemblage. |
Ma cabane au Canada (ter)
Il est des petites choses dans Deer Lake lodge que sans
doute peu de maisons en Europe possèdent, ou du moins pas à ma connaissance.
Les amateurs de bière apprécieront certainement l’ouvre-bouteille accroché sur le
pilier de l’escalier, un aménagement que l’on trouve dans toutes les vieilles
habitations du pays, m’indique Joël, de Toronto, venu avec sa femme Sheila
passer trois jours de vacances à Deer Lake lodge. Un air à la Woody Allen, Joël
est un amoureux de la littérature en général, et française en particulier, ce
qui permet un soir un échange de points de vue sur Eric-Emmanuel Schmitt, entre autres.
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Démonstration de l'ouvre-bouteille "maison" par Joel. |
Autre petit trésor de la maison, un trou dans l’escalier
provoqué par un coup de fusil tiré jadis par les chasseurs en villégiature dans
le lodge contre… un écureuil. Cela ne plaisantait pas, à l’époque… Ou encore,
ces anciens pots en verre, dont le couvercle rappelle que le Canada
fait partie du Commonwealth et est toujours sous l’autorité de la couronne
britannique.
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Rule Brtiannia... |
Le son du plongeon
Enfin, je ne peux terminer mon récit de mes deux semaines à
Deer lake lodge sans évoquer un son que tout visiteur du Canada devrait
entendre au moins une fois tellement il est beau, celui du loone, le plongeon huard en français.
Cet oiseau pêcheur est représenté sur les pièces de un dollar canadien, et les
couples se forment pour la vie. La
première fois que je l’ai entendu, c’était un soir de baignade avec Megan après
avoir été mettre le foin dans la grange chez sa mère, Dale. Nostalgique, presque
plaintif, il vous donne la chair de poule d’émotion. Et je crois que c’est ce
moment comme suspendu hors du temps que j’ai envie de garder en mémoire…
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