Ah, le plaisir de pouvoir parler plusieurs langues… Parce
que le wwoofing, c’est bien sûr participer au travail dans des fermes, mais
c’est aussi vivre avec les gens du pays.
Et quand on peut partager leurs conversations, c’est mille fois plus enrichissant que toutes les
visites de musées réunies. En l’espace de quelques jours à Deer Lake lodge j’ai
entendu de sacrées histoires ! Entre autres des récits où la nature
sauvage s’invite, histoire de vous
rappeler qu’au Canada, pays immense, elle n’est jamais loin de vous…
Dale, les chevaux et les skunks
Prenons par exemple Dale, la mère de Megan. Naturaliste,
cavalière experte, quand on la voit, on sait qu’elle est faite pour le grand
air et la nature : pas très grande, costaud, la démarche chaloupée des cavaliers… Enceinte de Megan, elle a continué à monter ses chevaux jusqu’à son
8e mois de grossesse, et elle a remis les fesses sur une selle six
semaines après l’accouchement.
Son boulot de naturaliste pour un institut de conservation
de la faune sauvage la conduisant à vivre dans la forêt une grande partie de
son temps, elle avait bricolé un van pour que Megan et son frère Brandon
puissent dormir pendant ses heures d’observation. Mais il n’y a pas que la faune sauvage qu’il
lui fallait observer… Elle a dû aussi passer des heures nocturnes à traquer les
braconniers : avec un collègue, ils devaient jouer les amoureux dans une
voiture, pour pouvoir ainsi repérer les va-et-vient des braconniers. Le
problème étant que les deux n’ayant pas d’atome crochu, ils n’avaient rien à se dire. Les heures pouvaient passer très lentement…
Naturaliste au Canada, c’est aussi faire des rencontres avec
un des hôtes les plus redoutés de la forêt, j’ai nommé Pepe le Pew (clin d’œil
aux amoureux des dessins animés de Tex Avery), la moufette – ou skunk. Ce
mignon petit bestiaud noir et blanc, si vous l’approchez trop, vous envoit une
giclée de l’odeur la plus infecte qui puisse exister. Il faudra qu’on
m’explique pourquoi Tex Avery a choisi de faire de Pepe le Pew un digne
représentant de la France. Serait-ce parce que durant longtemps, les Français
ont eu, auprès des Américains, la réputation de ne pas se laver très
souvent ????
Bref, Dale a expérimenté les skunks cinq ou six fois. Une
bonne chose : une fois que l’animal a déchargé, il lui faut plusieurs
semaines pour recharger ses batteries. La moins bonne, c’est qu’il faut
plusieurs semaines également pour se débarrasser de l’odeur. « Se laver ne sert à rien, car l’odeur
remonte à la surface de la peau », m’indique Dale. Et d’après son
expérience, même le jus de tomate (sensé être le seul liquide capable
d’éliminer l’odeur) est inefficace. D’où des moments assez intéressants, telle
une soirée avec des amis où ceux-ci l’ont soigneusement évitée… Il semblerait
que le mélange vinaigre – bicarbonate de soude marche bien ; comme quoi,
les bons vieux remèdes de nos grands-mères, il n’y a que ça de vrai...
Femme des bois, Dale vit dans une cabane construite pas son
ex-mari, avec son chien, ses chats, ses chevaux, et feu ses dindes. Une meute
de loups vit en effet dans le coin et, même si en général la cohabitation se
passe bien, ils ont une nuit réussi à défoncer la porte du poulailler à coup de
crocs et ont fait un festin avec les dindes.
Parfois, la nuit elle peut les entendre hurler à la lune.
Wouaouhhhhhhh, entendre des loups hurler, le rêve ! Dale m’a promis que si
elle les entendait durant mon séjour, elle passerait un coup de fil à Megan
pour que je puisse aller chez elle assister au concert. Mais la nature, c’est
comme la légion romaine chez Astérix en Corse : il suffit qu’on veuille
une chose pour qu’elle ne se produise pas. Il ne m’a pas été donné d’entendre
le concert des loups.
John, Mary et les loups
J’ai aussi eu la chance de rencontrer « Les »
spécialistes canadiens du loup, John et Mary Tiberge. On a passé une soirée
passionnante chez Jon et Megan à écouter leurs histoires. Les journées passées
au fond des bois, les heures d’observation en silence, immobiles et environnés
d’un nuage de moustiques – interdit d’utiliser des produits répulsifs sous
peine d’être repérés par les loups -
tandis que leurs deux filles, qui les ont accompagnés dès leur plus
jeune âge, avaient pour passe-temps d’écraser les moustiques qui se posaient
sur elles. L’expérience ne les a manifestement pas traumatisées, l’une d’elle
étudie les ours.
John et Mary ont particulièrement travaillé sur les loups du
parc Algonquin, un parc aussi grand que le parc de Yellowstone, à deux pas de
South River. Au début des années 70, les hurlements de loups qu’ils y ont
enregistrés ont attiré l’attention d’un producteur, qui en a fait un disque,
dont les commentaires étaient dits par Robert Redford. Début des années 70, c’est-à-dire
moment où l’acteur était une des plus grandes stars du cinéma, avoir sa
participation, ce n’était pas rien… On ne sait pas si Redford a été payé pour
sa participation, mais ce qui est sûr, c’est que John et Mary attendent
toujours d’être payés pour la leur ! Cela dit cela ne les gêne pas plus
que ça, leur objectif dans la vie n’est pas d’être riches mais de faire
connaître et aimer les loups.
Objectif pas gagné : le couple a prudemment préféré
mettre sur sa boite aux lettres un autre nom de famille que le leur, trop
connoté « amis des loups », et par exemple, dans certains coins des
USA où ils ont travaillé (ils ont participé au programme de réintroduction des
loups dans le parc de Yellowstone), le centre d’étude des loups était une caravane
totalement anonyme afin d’éviter les problèmes avec les habitants.
Ils ont aussi connu des moments assez mémorables, comme ces
journées où ils se sont retrouvés coincés dans leur cabane, incapables de la
quitter car deux ours avaient décidé de rester dans les parages, rejoints
ensuite par un troisième. Or, autant côtoyer des loups ne leur faisait pas peur
(lorsqu’ils flairent un humain, ils préfèrent s’éloigner), autant l’ours, c’est
une autre histoire ; même si son allure donnerait envie de le gratouiller entre les oreilles, mieux vaut en rester là quant à nos rêves d'enfant autour de nounours. Car, contrairement au loup, l'ours, lui n’a pas peur, et prendre la fuite ne sert à rien : malgré son air pataud, il court aussi vite qu’un cheval au galop, pas longtemps certes, mais assez
pour vous attraper.
Histoire d'ours
Megan, a eu ainsi la frousse de sa vie quand, enfant, elle a voulu aller dans un pré retrouver son chien, un grand berger noir, lorsqu'elle a soudain vu son chien se dresser sur ses pattes arrières, immense. Ce qu'elle avait pris pour son chien était un ours... Jon, lui, durant ses années à travailler en Colombie britannique dans la construction de bâtiments en rondins, a pu de nombreuses fois assister au festin des grizzlys lorsque les saumons remontent les rivières pour pondre. La rapidité des coups de patte et la taille des dents étaient impressionnantes...
Pat, un ami de Jon et Megan, a aussi eu droit à une rencontre
assez spéciale. Le jeune homme raconte la fois où, étant allé camper avec son
canoë, il était occupé à préparer son repas, lorsqu’il a entendu, derrière lui,
le son caractéristique de quelqu’un reniflant une odeur appétissante. Il s’est
retourné et s’est trouvé face à face avec un ours. Il a pris la fuite et a dû
assister au spectacle de l’ours engloutissant son repas ; l’animal n’a
même pas été gêné par l’huile brulante, trempant sa patte dans la casserole pour la lécher avant
de repartir repus. Ce jour-là, Pat a jeûné. Mais au moins, il est vivant.
des images?
RépondreSupprimerDésolée, non, je n'ai pas eu la chance (?) de rencontrer ni les loups, ni les ours, ni les skunks.... :-)
RépondreSupprimerPepe le putois !!!! mooohhhhh j'aime :)... non suis pas folle hein Françoise ! c'est trop chou... j'avais failli en acheter un une fois... après les furets. Bon ça pue un peu mais bon... ;) plutôt 10 furets en fait !
RépondreSupprimerTrès sympa l'histoire... va falloir que j'aille au Canada maintenant vérifier tout ça :) bisous alsaciens !