Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

samedi 18 juillet 2015

Des animaux et des hommes



Ah, le plaisir de pouvoir parler plusieurs langues… Parce que le wwoofing, c’est bien sûr participer au travail dans des fermes, mais c’est aussi vivre avec les gens du pays.  Et quand on peut partager leurs conversations, c’est  mille fois plus enrichissant que toutes les visites de musées réunies. En l’espace de quelques jours à Deer Lake lodge j’ai entendu de sacrées histoires ! Entre autres des récits où la nature sauvage s’invite, histoire de  vous rappeler qu’au Canada, pays immense, elle n’est jamais loin de vous… 

 

Dale, les chevaux et les skunks


Prenons par exemple Dale, la mère de Megan. Naturaliste, cavalière experte, quand on la voit, on sait qu’elle est faite pour le grand air et la nature : pas très grande, costaud, la démarche chaloupée des cavaliers… Enceinte de Megan, elle a continué à monter ses chevaux jusqu’à son 8e mois de grossesse, et elle a remis les fesses sur une selle six semaines après l’accouchement.

Son boulot de naturaliste pour un institut de conservation de la faune sauvage la conduisant à vivre dans la forêt une grande partie de son temps, elle avait bricolé un van pour que Megan et son frère Brandon puissent dormir pendant ses heures d’observation.  Mais il n’y a pas que la faune sauvage qu’il lui fallait observer… Elle a dû aussi passer des heures nocturnes à traquer les braconniers : avec un collègue, ils devaient jouer les amoureux dans une voiture, pour pouvoir ainsi repérer les va-et-vient des braconniers. Le problème étant que les deux n’ayant pas d’atome crochu,  ils n’avaient rien à se dire.  Les heures pouvaient passer très lentement…


Naturaliste au Canada, c’est aussi faire des rencontres avec un des hôtes les plus redoutés de la forêt, j’ai nommé Pepe le Pew (clin d’œil aux amoureux des dessins animés de Tex Avery), la moufette – ou skunk. Ce mignon petit bestiaud noir et blanc, si vous l’approchez trop, vous envoit une giclée de l’odeur la plus infecte qui puisse exister. Il faudra qu’on m’explique pourquoi Tex Avery a choisi de faire de Pepe le Pew un digne représentant de la France. Serait-ce parce que durant longtemps, les Français ont eu, auprès des Américains, la réputation de ne pas se laver très souvent ????


Bref, Dale a expérimenté les skunks cinq ou six fois. Une bonne chose : une fois que l’animal a déchargé, il lui faut plusieurs semaines pour recharger ses batteries. La moins bonne, c’est qu’il faut plusieurs semaines également pour se débarrasser de l’odeur.  « Se laver ne sert à rien, car l’odeur remonte à la surface de la peau », m’indique Dale. Et d’après son expérience, même le jus de tomate (sensé être le seul liquide capable d’éliminer l’odeur) est inefficace. D’où des moments assez intéressants, telle une soirée avec des amis où ceux-ci l’ont soigneusement évitée… Il semblerait que le mélange vinaigre – bicarbonate de soude marche bien ; comme quoi, les bons vieux remèdes de nos grands-mères, il n’y a que ça de vrai...

Femme des bois, Dale vit dans une cabane construite pas son ex-mari, avec son chien, ses chats, ses chevaux, et feu ses dindes. Une meute de loups vit en effet dans le coin et, même si en général la cohabitation se passe bien, ils ont une nuit réussi à défoncer la porte du poulailler à coup de crocs et ont fait un festin avec les dindes. 


Parfois, la nuit elle peut les entendre hurler à la lune. Wouaouhhhhhhh, entendre des loups hurler, le rêve ! Dale m’a promis que si elle les entendait durant mon séjour, elle passerait un coup de fil à Megan pour que je puisse aller chez elle assister au concert. Mais la nature, c’est comme la légion romaine chez Astérix en Corse : il suffit qu’on veuille une chose pour qu’elle ne se produise pas. Il ne m’a pas été donné d’entendre le concert des loups.



John, Mary et les loups


J’ai aussi eu la chance de rencontrer « Les » spécialistes canadiens du loup, John et Mary Tiberge. On a passé une soirée passionnante chez Jon et Megan à écouter leurs histoires. Les journées passées au fond des bois, les heures d’observation en silence, immobiles et environnés d’un nuage de moustiques – interdit d’utiliser des produits répulsifs sous peine d’être repérés par les loups -  tandis que leurs deux filles, qui les ont accompagnés dès leur plus jeune âge, avaient pour passe-temps d’écraser les moustiques qui se posaient sur elles. L’expérience ne les a manifestement pas traumatisées, l’une d’elle étudie les ours.


John et Mary ont particulièrement travaillé sur les loups du parc Algonquin, un parc aussi grand que le parc de Yellowstone, à deux pas de South River. Au début des années 70, les hurlements de loups qu’ils y ont enregistrés ont attiré l’attention d’un producteur, qui en a fait un disque, dont les commentaires étaient dits par Robert Redford. Début des années 70, c’est-à-dire moment où l’acteur était une des plus grandes stars du cinéma, avoir sa participation, ce n’était pas rien… On ne sait pas si Redford a été payé pour sa participation, mais ce qui est sûr, c’est que John et Mary attendent toujours d’être payés pour la leur ! Cela dit cela ne les gêne pas plus que ça, leur objectif dans la vie n’est pas d’être riches mais de faire connaître et aimer les loups.


Objectif pas gagné : le couple a prudemment préféré mettre sur sa boite aux lettres un autre nom de famille que le leur, trop connoté « amis des loups », et par exemple, dans certains coins des USA où ils ont travaillé (ils ont participé au programme de réintroduction des loups dans le parc de Yellowstone), le centre d’étude des loups était une caravane totalement anonyme afin d’éviter les problèmes avec les habitants.


Ils ont aussi connu des moments assez mémorables, comme ces journées où ils se sont retrouvés coincés dans leur cabane, incapables de la quitter car deux ours avaient décidé de rester dans les parages, rejoints ensuite par un troisième. Or, autant côtoyer des loups ne leur faisait pas peur (lorsqu’ils flairent un humain, ils préfèrent s’éloigner), autant l’ours, c’est une autre histoire ; même si son allure donnerait envie de le gratouiller entre les oreilles, mieux vaut en rester là quant à nos rêves d'enfant autour de nounours. Car, contrairement au loup, l'ours, lui n’a pas peur, et prendre la fuite ne sert à rien : malgré son air pataud, il court aussi vite qu’un cheval au galop, pas longtemps certes, mais assez pour vous attraper.


Histoire d'ours


Megan, a eu ainsi la frousse de sa vie quand, enfant, elle a voulu aller dans un pré retrouver son chien, un grand berger noir, lorsqu'elle a soudain vu son chien se dresser sur ses pattes arrières, immense. Ce qu'elle avait pris pour son chien était un ours... Jon, lui, durant ses années à travailler en Colombie britannique dans la construction de bâtiments en rondins, a pu de nombreuses fois assister au festin des grizzlys lorsque les saumons remontent les rivières pour pondre. La rapidité des coups de patte et la taille des dents étaient impressionnantes...


Pat, un ami de Jon et Megan, a aussi eu droit à une rencontre assez spéciale. Le jeune homme raconte la fois où, étant allé camper avec son canoë, il était occupé à préparer son repas, lorsqu’il a entendu, derrière lui, le son caractéristique de quelqu’un reniflant une odeur appétissante. Il s’est retourné et s’est trouvé face à face avec un ours. Il a pris la fuite et a dû assister au spectacle de l’ours engloutissant son repas ; l’animal n’a même pas été gêné par l’huile brulante, trempant  sa patte dans la casserole pour la lécher avant de repartir repus. Ce jour-là, Pat a jeûné. Mais au moins, il est vivant.











3 commentaires:

  1. Désolée, non, je n'ai pas eu la chance (?) de rencontrer ni les loups, ni les ours, ni les skunks.... :-)

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  2. Pepe le putois !!!! mooohhhhh j'aime :)... non suis pas folle hein Françoise ! c'est trop chou... j'avais failli en acheter un une fois... après les furets. Bon ça pue un peu mais bon... ;) plutôt 10 furets en fait !
    Très sympa l'histoire... va falloir que j'aille au Canada maintenant vérifier tout ça :) bisous alsaciens !

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