Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

jeudi 10 septembre 2015

S’adapter ou partir

Au risque de me répéter, ce voyage me permet de toucher du doigt combien j’ai de la chance d’être née en France, un pays riche, avec tout le confort que l’on peut avoir. A El Yunque, j’ai vécu la vie des employés de la finca. Et encore, j’ai vécu mieux qu’eux : j’avais une douche et non le classique baril d’eau de pluie où l’on puise avec une écuelle.

Au cours de mes voyages, j’ai dormi dans des lieux très sommaires, mais je crois que cela n’a jamais été aussi dur qu’à El Yunque .  Le voyage pour y aller relevait, lui,  de l’aventure des transports locaux comme je l’aime : trois heures pour faire 40 kilomètres sur une route boueuse et tortueuse à grimper de 800 à 1200 mètres ; le bus devait parfois s’arrêter pour mettre des chaines et les gens ont dû à un moment creuser des tranchées pour détourner l’eau (nous sommes en saison des pluies). Le tout suivi de deux heures de marche (avec le sac  dos de 16 kilos) sur un chemin boueux, dans la nuit et très vite sous la pluie.  Mais ceux qui me connaissent se douteront que cette petite aventure ne m'a pas déplu.

Sauvée par deux paréos


Mais l’arrivée, elle, a été dure : lorsque Carlos, le mandador (le contremaître) m’a amenée à ma cabane, j’ai vu une cabane délabrée, et surtout un matelas taché et  sentant le moisi. J’ai failli fondre en larmes.  Heureusement j’avais un sac à viande et surtout deux paréos. Les paréos sont un de mes équipements de base dans mes voyages en pays chaud ; ils servent à tout : paréos bien sûr, serviette de toilette plus agréables et efficaces que les microfibres, serviettes de bain, drap du dessus lorsque ceux-ci sont absents, et drap du dessous quand on a un doute sur la literie ; si je ne les avais pas eus, je repartais  d’El Yunque dès le lendemain.  J’accepte à peu près tout en termes de conditions de vie sommaire, mais un matelas sale, là, j’avoue que je ne peux pas…  Bref, sans ces paréos, l'un en drap et l'autre en serviette de toilette, je n’aurais jamais connu ces deux semaines d’une grande richesse humaine.
Le matelas que j'ai découvert en arrivant. je me suis dit "non, je ne pourrai jamais..." Merci à mon paréo!!

Mon "chez moi".

La douche alimentée à l'eau de pluie. Un privilège de volontaire. Ici, les gens utilisent le traditionnel barril d'eau de pluie o ils puisent avec un bol.

Les barils récupèrent l'eau de pluie pour la douche et pour le point d'eau.

Home sweet home.
Les toilettes sèches, avec de la sciure. Un autre privilège de volontaire.  A la campagne, les toilettes sont un trou entouré de quatre piquets tenant une bâche en plastique noire ou, pour les plus chanceux, une cabane en ferraille installée par le CRS, le catholic relief service.


J’ai ensuite passé la nuit à rajouter des couches de vêtements: nous sommes sous les tropiques, mais El Yunque est à 1200 m, et nous sommes en saison des pluies. Les nuits sont très froides, je n’avais qu’un sac  à viande pour pays chauds. Le lendemain, j’ai vu sur le lit supérieur une couverture ; elle sentait le moisi à trois kilomètres, mais tant pis, c’était une couverture et elle m’éviterait de mourir de froid chaque nuit ! 
On a beau essayer, tout reste humide durant la saison des pluies. ici, la pochette de mon compact au bout de quinze jours. 

Pour couronner le tout, je n’avais vu que trop tard, déjà dans le bus, le message du propriétaire, Miguel, me disant qu’il ne serait pas à la finca. Or, le lendemain, premier jour de ma présence à El Yunque, c’était dimanche ; je me suis donc retrouvée totalement seule dans la finca, à me demander ce que je faisais là. La douche hors service, le point d’eau avec trois malheureuses gouttes,  le petit réchaud de la cabane hors service lui aussi, les habitants de San Antonio de Upa, le village à côté, distants avec moi, les gamins de dix ans avec leur habituel côté bravache et provoquant sur la « gringa », « I love you », etc, etc… J’apprendrai plus tard que les derniers volontaires à être venus n’étaient restés qu’un jour, après avoir vu l’état des matelas. Pour les habitants, je n’étais donc que la prochaine sur la liste des fuyards.

Et en plus, totalement coupée du monde: il n'y a pas d'électricité (hormis une petite éolienne pour alimenter le chargeur de batteries des téléphones, ainsi que de mon appareil photo et mon ordinateur), et donc pas de connexion internet. Pour téléphoner, il faut grimper sur la colline, mais l'opérateur que j'avais ne fonctionnait pas ici. Ce dimanche, je me suis sentie vraiment très seule...

Mais le lundi, quand j’ai commencé mon travail et que j’ai rencontré les ouvriers de la finca, j’ai vite vu que les conditions de vie qui me faisaient dresser les cheveux sur la tête étaient pour eux des conditions de vie normales, c’était donc  à moi de les accepter. Je les ai acceptées.




1 commentaire:

  1. Ro la vache... la bête hein pas la bouse !!! Autant je te connais mais toi qui me connais... tu te doutes que je n'aurais pas tenu 3 minutes !!!

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