Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

mercredi 16 septembre 2015

El Yunque, me revoilà!

Je ne regretterai jamais le choix que j’ai fait de retourner à El Yunque au lieu d’allez lézarder sur la côte caraïbe. Les quelques jours que j’y ai passés de nouveau ont été du pur bonheur, comme si la connexion avec eux était encore montée d’un cran. Le fait que je tienne ma promesse de revenir, le fait de leur donner les photos que j’avais fait tirer sur papier à Matagalpa… Je suis arrivée le jeudi soir, et le vendredi, à 6h, je les ai tous retrouvés pour la réunion du matin. Les yeux écarquillés de Francisco,  le sourire radieux d’Obel, les rires sur la nouvelle volontaire qui arrivait, j’avais l’impression d’être de nouveau chez moi.


Rebelote donc pour deux jours de bouses et crottins à ramasser, mélanger, épandre dans le lombric compost, etc… Mais les partages, les rires étaient encore plus nombreux. Déjà durant mes quinze jours, mais encore plus à ce moment-là, ma cabane est devenue un peu le lieu de rendez-vous (il est vrai qu’elle est juste à côté du corral) pour papoter, profiter de mon excellent ( !)  café instantanné froid (la seule façon de chauffer l’eau ici est de faire du feu,  et j’avoue que la corvée de bois à ramasser ne me tentait pas trop).
Javier et Francisco s'invitent chez moi pour faire du café arôme plastique. Sacrément plus rapide qu'avec du papier!

Javier et le fauteuil qu'il s'est fabriqué. Ensuite, il le recouvrira avec un de ces matelas qui me faisaient hurler d'horreur quand je suis arrivée. Finalement, je m'assierai sur le matelas, moi aussi...



Quels sont les moments que je retiens, ainsi ? Javier et Francisco, mes jeunes voisins (leur cabane est à vingt mètres de pente boueuse de la mienne), venus me tirer d’une sieste pour faire chauffer du café au lait des vaches du corral dans lequel on trempe des bananes. J’ai ainsi appris à faire le feu à la Ncaraguayenne : bien plus rapide que le papier (surtout quand il est humide…), voici les petits sacs en plastique noir dans lesquels est mis tout produit acheté. Pas la peine de hurler à la pollution, de toute façon, si ces plastiques sont ramassés (ce qui n’est le cas que dans les villes), il est de toute façon brulé ensuite. Alors…


Une très belle discussion avec Wilmer, sur notre conception de la vie, sur nos rêves. J’admire beaucoup ce jeune, il est intelligent, il travaille très dur pour nourrir sa compagne et leurs jumeaux de 18 mois, et il se donne en plus les moyens qu’il peut pour apprendre l’anglais : il a un petit cahier d’écolier rempli d’une écriture malhabile comme celle d’un enfant de tous les cours qu’ont pu lui donner les différents volontaires qui sont passés ici ; pour ma part, je lui ai donné des règles sur le passé.
                                                                                
Wilmer charge le pasto sur son dos. 



Je ne sais pas combien cela pèse, mais à chaque fois que je les vois faire, je les admire. Pas étonnant qu'ils ne laissent jamais une miette de leur assiette de gallo pinto..
                                                                                                  
Des confidences avec Obel sur nos vies, notre passé, tout ce que nous avons pu apprendre l’un de l’autre, lui avec toutes ses  connaissances sur la ferme (c’est lui le plus ancien, il y est depuis six an), moi avec la part de rêve que je lui apportais…
Chasse au repas du dimanche pour Obel et sa compagne Xiamara.



Juana, qui me dit combien elle a été heureuse de me connaître…


Les tentatives des uns et des autres d’apprendre trois mots d’anglais (seul Wilmer a des notions) ou de français, les rires là aussi, et l’émotion lorsque l’un m’a dit que, de tous les volontaires qui étaient venus, j’étais celle avec laquelle ils avaient le plus échangé, en qui ils avaient eu le plus confiance.

Carlos, qui m'a demandé comment on disait "Yo te quiero" (je t'aime) en français, et ensuite me lançait des "Françoise, yetème".

Guillermina, chez qui j’allais manger tous les soirs le gallo pinto (riz et haricots rouges), mère de quinze enfants dont dix vivants, racontant ses hommes, et montrant une sacrée combativité face aux maris violents (apparemment, c’est fréquent au Nicaragua)… Guillermina, c’est une source d’infos, de cancans et de philosophie à elle toute seule. Et le dimanche, jours de viande, elle fait des naca tamale (maïs frais moulu en pâte, fourré à la viande et aux légumes), des poules à l'étouffé...
Guillermina et ses tortillas.

Gabriel, neuf ans, le plus jeune enfant de Guillermina, avec celle-ci.


Ma despedida, la soirée d’adieu qu’ils ont voulu me faire. Pour elle, Carlos s’est levé à 3 h ½ pour aller à Matagalpa (deux heures à pied pour prendre l’unique bus de 6 h) et récupérer une chaine hi-fi à brancher sur le chargeur de batteries de la ferme. Chargeur qui a rendu l’âme quand on a voulu brancher la chaîne…  Du coup, on a récupéré une petite radio MP3, et on a dû se contenter des morceaux dessus ; Chumpipe (« dindon ») le poivrot de service s’y est invité, j’ai appris en revenant que le lendemain il était tout fier de raconter à ses collègues qu’il avait dansé avec une « gringa »…
Ma despedida: Juana, Javier, Obel, Carlos, Francisco.

Francisco profite des séances photos pour faire une séance bisous...

J’ai tellement de choses dans le cœur à dire sur vous tous..

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