Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

vendredi 18 septembre 2015

Un morceau de Forêt Noire au Nicaragua

Etre au Nicaragua et se retrouver soudain en Forêt Noire, il faut le faire, non ? C’est ce qui m’est arrivé à Matagalpa, après avoir quitté San Antonio de Upa et la finca El Yunque : je n’ai pas pu résister au fait d’aller faire un petit tour à la Selva Negra (forêt noire en espagnol).

Les hautes terres du  nord du Nicaragua ( Matagalpa, Esteli, Jinotega) sont le royaume du café .Il s’avère que dans les années 1880, des colons allemands sont venus dans la région de Matagalpa pour y planter du café. L’un d’eux était un certain Boeschl.
La selva Negra s'orne de peintures d'illustres ancêtres ou visiteurs. Ici, Theobald, duc de Choiseul Pralin.

Maier, Kühl, Josephson, Zeyss, Boeschl, Kraudy... 


Aujourd’hui, la plantation se double d’un hôtel kitsch et rigolo comme tout : un lac au milieu des arbres avec une statue d’une "ganseliesel", un transformateur électrique déguisé en ferme au toit cassé, des peintures de paysages de la foret Noire, des soldats casse-noisettes en bois, des portraits d’augustes ancêtres, une chapelle et des cabanes « Gretel » ou « Boeschl » nichées dans les bananiers,  très mimi avec leurs volets décorés de cœurs – voire avec les portraits de Sissi et du joueur de flûte - et au toit recouvert de végétation… Forêt noire ou village de hobbits ? Le tout au son des singes hurleurs…
Forêt Noire ou village de Hobbits?

Regardez bien: cachée derrière le puits et coiffée de verdure, voici la chapelle.

Un lac et une statue d'une ganseliesel: on s'y croirait,

Sissi et le joueur de flûte..

Peinture au mur. Si, si, nous sommes bien au Nicaragua.


Au gré de mes flâneries, je suis tombée par hasard sur l’actuelle propriétaire, Mausi Kühl, qui m’a emmenée dans sa voiture et m’a montré les lieux. La finca Selva Negra s’étend sur 450 hectares, dont une centaine, au cœur de la plantation, sont 100% bio ; le reste étant « le plus bio possible » sans pouvoir toujours l’être.

 La Selva Negra est bio par un concours de circonstances, m’a-t-elle expliqué.   Dans les années 70, quand sa famille a racheté la plantation, les produits chimiques n’existaient pas au Nicaragua, ou pratiquement pas. Dans les années 80, avec la guerre entre les Sandinistes et les contras, est venu le temps de la pénurie, donc toujours pas de produits chimiques. Et dans les années 90, quand la paix est revenue, ils ont vu que leurs caféiers sans produits chimiques se portaient très bien. Ils ont continué ainsi, et s’en portent très bien. A noter que la Selva negra n’est pas la seule a être bio par ce concours de circonstances, même si des plantations comme la Buena Esperanza près d’El Yunque ont opté pour le café chimique.
Mausi Kühl, dont la famille a pris le virage du bio dès les années 70.


La Selva negra a 200 ouvriers permanents et, durant la saison de la récolte du café (entre novembre et février), 600 ouvriers supplémentaires . A comparer d’autres fincas, les ouvriers sont bien lotis, dans des logements en dur en béton, des toilettes, des points de lavage, des lieux de réunion…  Les Kühl ont fait en sorte que les arbres qui poussent au milieu des caféiers pour leur donner de l’ombre soient des arbres fruitiers variés et non pas uniquement des bananiers, afin que les ouvriers puissent agrémenter leur ordinaire de gallo pinto. Et les ouvriers méritants ont des récompenses, des honneurs. Certains pourraient objecter sur le paternalisme de la chose - et sur le un kilomètre de chemin que j'ai fait depuis l'arrêt de bus, j'étais suivie en permanence par un gardien armé et parlant dans son talkie-walkie - mais les employés de la Delva negra ont un sort enviable comparé à la vie d’un ouvrier agricole moyen. Quand aux hommes en armes, on les trouve dans toutes les plantations de café (veut-on éviter qu'un buveur fou d'expresso vienne dévaliser les lieux??), la Selva Negra ne fait pas exception à la règle. 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire