Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

lundi 14 mars 2016

Le quotidien de Happy Healing Home

Comment se passaient donc nos journées chez pinaan Jim ? Etant en pleine saison sèche – c’est peu de le dire, le jardin était complètement grillé -, il y avait peu de travail agricole, une bonne part de nos tâches a été de l’entretien : couper les bambous (je sais maintenant tout sur la façon de couper les bambous !) destinés à construire un abri pour les coqs – tous les gallinacés ici sont des races de coqs de combat, et les perdants sont ceux qui passeront à la casserole – faire des pare-feu dans la forêt, nettoyer et réparer, construire un muret pour la cuisine, etc…


Corvée de bois pour Julien et Tim.

Couper les bambous, ce n'est pas tout...

Il faut aussi les sortir de là...

Et encore de là...

Pour arriver à ça: un poulailler tout neuf, fierté de Walter son concepteur.

Nettoyage des pare-feu dans la forêt, importants durant la saison sèche.

Réalisation de briques avec  l'aide de pinaan Lak.

Et voilà le travail!

Montage des briques.

Et pourquoi ce mur? Demandez à Julien. Là, c'est la cuisine avant le mur. Pas top...


E là, c'est la cuisine avec le mur. 

Pour Julien, c'est mieux, non?


Pour Pinaan Lak aussi, en pleine démonstration de cuisson du riz collant à une volontaire slovène.


N'est-ce pas, pinaan Lak?

Et puis aussi chercher l’herbe à buffles dans de grands paniers de bambou pour les deux buffles de la ferme. Une herbe qui porte bien son nom : ils l’aiment tellement que le soir, quand on va chercher la bufflonne, elle vous pousse de la tête pour que vous le détachiez plus vite – ce qui en général ralentit le processus, mais allez expliquer cela à une bufflonne affamée… - puis galope vers l’enclos et la succulente herbe qui l’attend. Il y a aussi le cochon, sympathique comme tout, qui adore qu’on le gratouille ; et deux jeunes matous roux et câlins, mascottes des volontaires.

Récolte de l'herbe aux buffles avec Esther.



Le jour où le cochon a réussi à s'échapper de son enclos pour faire un tour dans la cuisine.



Nos mascottes.
Et encore nos mascottes.

Nos journées commençaient à 6 h 30, avec la médiation du matin, moment de silence et de recueillement débutant par des exercices d’assouplissement. Il est un mouvement d’art martial que pinaan Jim nous a appris, tout en esthétique fluide et en puissance lorsqu’il nous en faisait la démonstration, fascinant à voir, et si frustrant lorsque nous tentions maladroitement de le reproduire.

Les étirements étaient suivis de la marche méditative vers le temple où nous allions faire des exercices de yoga et méditer. Bon, là, j’avoue que la marche méditative, bof… Car celle-ci se faisait sur la route, et mon esprit occidental reprenait le dessus en imaginant combien nous devions paraître ridicules à marcher à la queue leu leu tête baissée et mains croisées dans le dos quand des automobilistes ou des motocyclistes nous croisaient. Eh oui, le chemin vers la sagesse et le détachement du regard des autres est encore long…

Heureusement notre honneur occidental est sauf, il n’existe aucune photo de ces moments, car, malgré tout, ils conservent un aspect sacré et me/nous prendre en photo durant les séances de méditation aurait été comme un sacrilège. Mais j’aurais tellement aimé vivre plus souvent la marche que nous avons faite le dernier jour de ma présence, dans la forêt, pour méditer au milieu des arbres… Pas de crainte du ridicule, seul le plaisir d’être dans la nature, un temple en soi…

Les repas étaient eux aussi des moments particuliers. Déjà par leur qualité gustative : grâce à pinaan Lak, un des aides de pinaan Jim, j’ai mangé à HHH la meilleure nourriture thai que j’ai jamais mangée ! Toutes sortes de légumes et de plantes que nous découvrions – fleur de banane, jeunes feuilles de manguier, herbe de fer (bon, celle-là, nos palais occidentaux ont eu du mal avec son amertume, presque tout est allé dans l’auge du cochon), et tant d’autres, vous savez, « la survie en forêt », savoir utiliser chacune de ses ressources… Sans compter la citronnelle et la coriandre pour lesquelles je me damnerais…

Préparatio de fleurs bananier par Alexa et Sam.

J'ai appris à tuer, plumer et vider un coq.



Préparation du riz collant. par une volontaire slovène...

Et par Georgia.

Ah les soupes de potiron, les coqs mitonnés – les perdants du combat de l’après-midi -, les bok choy (sorte de chou), les patates douces, les saveurs si variées, si fines, le riz collant à la mangue, et même les moules de vase, délicieuses grillées avec du sésame et de la sauce de soja…

Le repas lui-même était un rituel : chaque groupe de plats (un groupe pour quatre ou cinq convives) représentait une montagne autour du plat de riz collant, une feuille de bananier accueillant les fruits et les plantes à grignoter crues. La distribution du riz collant – nourriture sacrée d’après pinaan Jim – donnait lieu elle aussi à un rituel particulier, une grosse boule de riz passée de main en main avec respect jusqu’à sa montagne. A nous ensuite de prendre un morceau de riz avec notre main droite (la main pure) et de le rouler pour le manger, comme en Inde ou en Afrique. C’est toujours dans ces moments-là que je regrette d’être gauchère…


Préparation des montagnes par Tom et Carolina.

Une montagne, dominée par son plat de riz collant.
Découverte de plantes inconnues aus saveurs inconnues.

Offrande du riz collant par Tom.

Bon appétit!





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire