Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

samedi 5 mars 2016

Du voyage et des nuits dans les gares

Voyager sur de longues distances implique parfois des voyages de nuit… et/ ou des nuits dans les gares, qu’elles soient routières ou ferroviaires. 

De retour de quelques jours dans l’île de Ko Chang – île thailandaise typique (même si Ko Chang n'a pas la beauté de celles plus au sud, mais je n'avais pas le temps d'y aller) : des guesthouses, des hôtels, des restaurants, des magasins, mais bon… On se doute qu’on n’est pas seule dans le monde à avoir envie de plage et de mer chaude. Et le bungalow brinquebalant au bord de la plage, la musique électro lounge du bar voisin, les gens que l’on regarde passer, le backpacker stone qui termine sa nuit en roupillant les fesses à l’air sur la plage et passe ses journées à parler de tout et de rien torse nu dans un sarouel crade, les familles, les fêtards, les amoureux, les en recherche d'un plan d'un soir et le temps qu’on laisse passer, simplement, tout cela vous prend ; on pourrait facilement rester ainsi et se perdre dans ce monde hors de la réalité.










De retour de l’ile de Ko Chang, donc, traversée le soir sur le ferry quasi-désert, le lady boy qui travaille au petit snack tout fier (fière ?) de me dire qu’il travaille sur un ferry, et de roucouler : « I like handsome guys ! »  - pourquoi m'a-t-il/elle dit cela restera toujours un mystère pour moi... - le bus de nuit en compagnie de Vibke l’Allemande, tellement rapide qu’il nous fait arriver à Bangkok à 3 heures du matin. Que faire ? Eh bien, terminer sa nuit dans la gare. Chance, en Thailande on n’a pas installé des bancs « anti-SDF » comme en France, on peut donc s’y allonger tranquillement. Réveil en sursaut à 8 h au son de l’hymne national – joué deux fois par jour – en me mettre debout comme tout le monde, yeux encore papillotants.

Le lendemain, train de nuit pour Chiang Mai (la gare de Hualumphong à Bangkok est envahie de gens sans abri qui y installent leur lit) avec étape à Phitsanoulok pour visiter l’ancienne cité royale de Sukhotai. Le train de nuit étant fort prisé, les couchettes sont toutes réservées, c’est donc parti pour une demi-nuit en banquette 3e classe, à papoter avec Mickael, un Allemand vivant à Chiang Mai, avant d’arriver à 3 h du matin à Phitsanoulok. Rebelote, finir la nuit dans la gare, là aussi avec des bancs accueillants, et des policiers fort inquiets pour moi, s’enquérant chacun à son tour de mon sort.

La gare de Hualumpong à Bangkok.

Les bonzes y ont des sièges réservés.


Pour qui s'inquiète du bon déroulement de son voyage, le diseur de bonne aventure automatique est là.

La nuit, le hall est occupé par des sans-abris.

Wagons 3e classe: ils se sont améliorés, les bancs de bois ont été remplacés par des banquettes en skaï. Vous noterez que je n'étais pas la seule touriste à ne pas avoir eu de couchette.


Une routarde a connu une expérience moins agréable, se faisant sortir de la gare de Bangkok par un policier. J’ai supposé que la différence entre nous deux est que je ne ressemble pas à une routarde – dreadlocks, sarouel qui pendouille derrière les fesses et t-shirt douteux – et cela passe mieux. La Thailande en a parfois un peu marre de voir rappliquer chez elle tous les routards dépenaillés du monde… 

C'est d'ailleurs apparemment la raison pour laquelle elle a diminué le visa gratuit à l'arrivée par avion à un mois au lieu de trois, et par route à 15 jours au lieu de 30 (le visa run, faire un aller-retour vers la frontière la plus proche était alors un exercice très prisé). Si l'on veut des durées plus longues, il faut demander un visa payant. Les touristes classiques - ceux qui ont les moyens d'acheter beaucoup -  restent rarement plus de deux ou trois semaines durant leurs vacances; ceux qui ont du temps devant eux et pas d'argent sont les routards. Un moyen simple - et payant - d'en avoir moins!

Bref, terminer ma nuit, déposer mon sac à dos à la consigne puis filer à Sukotai. Visite qui s’est finalement réduite pour moi à une très longue sieste dans le parc du temple sous une chaleur étouffante, et apprécier le soir les temples illuminés car – chance - un concert s'y tenait deux soirs de suite. Orchestre classique de qualité, mais pour jouer hélas de la musique sirupeuse à souhait, version musique pour ascenseur... 

Vu dans la gare de Phitsanoulok, mais pas que... Nous avons nos nains de jardin, la Thaïlande a ceci.

Vendeurs de médailles du Bouddha dans la gare.

Sukhotai, première capitale du Siam.

Pour moi la plus belle vision de Sukhotai: le temple Wat Si Chum et son Bouddha enfermé dans un espace qu'il occupe entièrement et  d'où l'on accède par un étroit passage, donnant une incroyable impression d'immensité à la statue. Etrangeté renforcée par le visage énigmatique du Bouddha, appelé Phra Acana, "celui qui n'a pas peur".

Une des images les plus photographiées de Sukhotai: la main droite du Bouddha et ses doigts fins et graciles.








Et le soir, rebelote: nuit sur les sièges de la gare jusqu'à 3 h, le temps d'attendre la deuxième moitié de mon trajet de nuit vers Chiang Mai - et de nouveau les policiers inquiets pour mon devenir. Trois nuits de suite dans les gares de Thaîlande me conduisent à constater que 1) leurs sièges sont très confortables 2) la température y est idéale pour dormir, douce à souhait 3) on y dort en toute sécurité, le vol n'est manifestement pas dans la conception de l'esprit thaï. Pas si mal, ces nuits, finalement...

Suite du voyage vers Chiang Mai en train couchette. Les trains de nuit sont, pour moi comme les cargos, le symbole du voyage vers le lointain; les paysages qui défilent à l'infini et que l'on devine - imagine dans l'obscurité, les pensées et les rêves qu'on laisse aller et venir, le temps qui prend son temps... L'avion, même s'il est pratique, n'aura jamais cette magie qui vous enveloppe.

Les trains couchette 2e classe en Thaïlande: très proches des nôtres, mais dotés en supplément d'un rideau pour protéger son intimité, et avec un service d café chaud au matin, très apprécié!





Et à la fin, pour aller d'un point à un autre à Chiang Mai et autour, le pick up fermé, rouge pour les urbains, jaune pour les ruraux.






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