Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

lundi 14 mars 2016

Happy Healing Home, l'antre de pinaan Jim

Mon petit périple sur les chemins du wwoofing dans le monde se poursuit... Me voici donc riche d'une onzième expérience, celle passée chez pinaan Jim à Happy Healing Home (Baan Raksa) près de Chiang Mai, au nord de la Thailande.

Un sacré loulou ce pinaan (frère) Jim... Mi-gourou, mi-cabotin, spécialiste des réponses énigmatiques – souvent par le biais d’une parabole - aux questions même les plus simples dans cette façon de faire si particulière des Asiatiques, laissant l’interlocuteur encore plus déboussolé après qu’avant (mais on n’ose pas le dire et on hoche de la tête d’un air convaincu quand il demande si on a compris…) passionnant et irritant à la fois, tellement on est en permanence partagé entre l'envie de le croire et le doute sur la véracité de ses paroles. 

Ceci m'a permis d'expérimenter le fait que les réponses énigmatiques sont à la base du bouddhisme, où le maître laisse à l'élève le soin de trouver lui-même son chemin personnel vers la compréhension. Intéressante expérience, mais assez difficile à appréhender quand on est journaliste, habituée aux réponses précises...
Après des jours d'enthousiasme, j'ai ainsi vécu des jours de doute, avant de reprendre le fil de la vie à Happy Healing Home avec un plaisir tranquille, prenant les choses comme elles venaient, le tout évoluant au fil des arrivées et départs des volontaires...

Sourires depuis le songtaew (pick-up/bus) pour venir à HHH.

Echange d'idées, discussions sur le bouddhisme avec pinaan Jim.

Massage contre le mal de tête par pinaan Jim pour Laura.


Donc, HHH, c'est quoi? Après avoir été moine bouddhiste durant seize ans – et, vu son agilité et sa souplesse, extrêmement bien entraîné aux arts martiaux -, pinaan Jim a fondé HHH avec sa femme Tea, avec pour ambition affichée d’enseigner une agriculture durable, la méditation et la culture lanna (les Lannas sont le peuple du nord de la Thailande, avec leur propre langue et alphabet), ainsi que la survie en forêt pour ceux qui le désirent.

Et depuis onze ans les volontaires ont été nombreux à passer par HHH ! Pratiquement chaque jour l’un ou l’autre part, un autre ou d’autres arrivent ; cela devient un peu un jeu: supputer le nombre des nouvelles recrues du jour. Un jour nous sommes seize à table, le lendemain douze, les uns restent juste quelques jours, d’autres des semaines… Car pinaan Jim s’amuse parfois à tester les nouveaux, avec des remarques un peu provocatrices – ah, la tête des végétariens qui s’entendent dire que si manger uniquement des végétaux nourrissait le cerveau, les vaches seraient les êtres les plus intelligents du monde – cela passe ou cela casse parfois. Je n’ai hélas pas vécu la venue de végétaliens à Happy Healing Home, la confrontation avec pinaan Jim doit être particulièrement croustillante…

Nous venions de partout :  Ferdinand l’Allemand, Julien le Belge et Julien le Québecois, Walter le Texan, Anisa de New York, Tom et Alexa d’Autriche, Victor et Lorraine de Nantes, Georgia du Canada, Sam du Canada, Ben d’Israel, Esther d’Espagne, Carole de France, Carolina d’Allemagne, etc, etc, etc…

Ce qui faisait notre quotidien: couper le bois pour le feu, les bambous pour le poulailler... Par Julien, Anisa, Ferdinand, avec les explications de Tim.

Ferdinand explique à Lorraine et Victor comment ouvrir les bambous.

Nettoyage de papaye pour Ben.

Sous la houlette de minaan Lak, préparation de riz collant cuit à l'étouffé dans des bambous par Anisa et Ferdinand.

La cuisson; vec Walter, Tim, Ferdinand et Julien.

On dépiaute le bambou, avec Anisa et Tom...

Et on déguste; avec Alexa.


Chacun son caractère, chacun ses façons. Il y a ceux qui participent intensément, qui sont toujours prêts à aider et savent travailler, il y a celui qui comme par hasard est toujours en pleine méditation quand il s’agit de préparer le repas en commun (ce qui provoquera un petit discours ironique de pinaan Jim sur l’égoisme de la méditation quand les autres travaillent – à l’opposé même de la philosophie d’ouverture de la méditation -, message reçu cinq sur cinq par le principal intéressé, qui s’est soudainement mis à participer aux tâches communes), il y a celui qui se précipite pour prendre le matelas épais et confortable et laisser le matelas fin à une fille qui vient d’arriver, il y a moi qui veut évidemment participer aux travaux les plus gourmands en énergie, destinés en général plutôt aux hommes – ce qui génère parfois des situations pas toujours heureuses, tel ce jour où j’ai voulu aider à la construction du poulailler, mon clouage des bambous a été tel que Walter a dû tout défaire -  il y a ceux qui rayonnent quelque chose de positif en permanence, il y a celle qui, durant les trois jours de sa présence, ne dira pratiquement pas un mot et dont je crois personne n’a jamais su le nom, il y a l’adjudant-chef, qui prend les préceptes de pinaan Jim tellement à la lettre qu’il les transforme en ordres, il y a celle qui savoure le silence et le calme…

A HHH, tout le monde médite, humain ou animal.

Soirs tranquilles à HHH: pinaan Jim à la guitare, Julien aux percussions...

Ou relaxation simplement...
Ou artisanat en clair-obscur.


Il y a ceux que j’ai eu du plaisir à côtoyer, que je regretterai de n’avoir connu que l’espace de cette vie en commun, ceux que j’ai été triste de voir partir, et il y a ceux dont les noms s’effaceront de ma mémoire tout comme mon nom s’effacera de la leur. Bref, un univers en réduction, comme toute vie en communauté.

Après le déjeuner, moment de liberté pour chacun avant de reprendre le travail quand il faut moins chaud. Esther, ma compagne de bungalow, et son carnet de croquis.



Artisanat pour Alexa.

Pour soigner mon mal de dents, pinaan Lak va chercher des racines que je ferai infuser.

Le matin près de la ferme.






2 commentaires:

  1. Hello, je viens de découvrir HHH et j'aimerais y passer une semaine avec mon ami. Gardes-tu un bon souvenir de cette expérience ? Faut-il vraiment plus froid là bas qu'à Chiang Mai par exemple ? Des bises ��

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  2. Bonjour, c'est une expérience très intéressante! Pinaan Jim est un sacré caractère, on aime ou on déteste :-) Des volontaires sont partis au bout de deux jours, d'autres y sont restés des semaines ou des mois... mais j'ai apprécié mes deux semaines là-bas. Les volontaires vont et viennent, on peut y être 15 comme y être deux ou trois. Côté température, c'est comme à Chiang Mai. J'y étais en mars, le matin il faisait frais et une polaire était appréciée, mais après, c'est la chaleur!
    En fait, comme je le mettais dans mes écrits, c'est plus un grand camp de vacances travailleuses peuplé de volontaires qu'une ferme au sens classique du terme du wwoofing.
    Voilà, bon voyage en Thailande!

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