Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

mercredi 25 novembre 2015

Quelques élément de la perliculure

Je ne compte pas faire un cours sur la perliculture, mais partager au moins ce que j'ai appris à A'hé.

A sa grande époque, Kamoka avait une trentaine de personnes, quand A'hé et Manihi, sa voisine, étaient les deux atolls rois de la perliculture. Mais la culture perlière a énormément souffert dans les années 2000; beaucoup de fermes ont mis la clef sous la porte, les autres survivent, hormis les grandes qui ont les reins solides. La raison? La surproduction principalement, qui a conduit à une chute des prix. Les fermes avaient poussé comme des champignons, A'hé en comptait jusqu'à 50,  - "Le lagon était couvert de bouées indiquant les élevages de nacres", me raconte un habitant - aujourd'hui il en reste une dizaine. Et puis, me disent souvent les gens, "Il y les Chinois qui ont cassé les prix avec leur production..."
Patrick ouvre des perles pour Marlène, une Américaine qui vend des perles. Chance, chaque nacre a une perle. 



Ainsi, Kamoka tourne aujourd'hui avec quatre personnes, plus les wwoofers. Il n'empêche que la perle reste apparemment la deuxième économie de la Polynésie française après le tourisme... qui souffre lui aussi.

La culture perlière souffre aussi du fait que la nacre est fragile, victime de la hausse de la température de l'eau, de la prédation des raies léopard et des balistes, qui prolifèrent... Récemment, les nacres ont été atteintes par une maladie qui les rendait poreuses.

A'hé reste le premier atoll de culture en raison de sa configuration: une seule passe, et donc le courant qui rassemble les oeufs plus facilement vers les stations de collectage, des sortes de cordes accrochées dans l'eau où les oeufs s'agglutinent. Les éleveurs ne gardent que les plus grandes - c'est le détrocage - puis il faut deux ou trois ans avant que la nacre ne puisse être greffée.

La greffe est très délicate, il faut inciser la poche perlière, et introduire le nucleus, "l'intrus" que la nacre recouvrira. Le nucleus est fait à partir d'un mollusque du Mississipi; et on ajoute un greffon, un morceau de viande de nacre. Suivant la couleur de l'endroit où est pris le greffon, la perle aura telle ou telle couleur; et ensuite, la nacre greffée refera toujours des perles de la couleur créée par ce greffon.
Travail sur les mabé pour Mickael.

Le matériel indispensable pour la greffe: nucleus, pinces, miroir de dentiste...

Deux mabés ont été placés sur cette nacre.


Il faut dix-huit mois à la nacre pour faire une perle; on pourra la regreffer encore une ou deux fois, ensuite on lui mettra des mabés, des résines de telle ou telle forme (rond, coeur, poire...) collés sur la nacre pour qu'elle recouvre la partie exposée. On peut en mettre deux ou trois à chaque fois; ensuite, la nacre ayant fait son temps, on pourra manger son muscle, le kururi. Quant  à la nacre, elle est sculptée.

Sur les nacres greffées, peut-être une moitié produisent une perle, les autres sont mangées par les prédateurs, sont atteintes par des maladies, la hausse de la température de l'eau. Et sur les perles, quelque 10% sont de catégorie A ou B, rondes et lisses; beaucoup sont des "baroques", aux formes étranges, poire, soucoupe volante, balle, etc... Quand le nucleus est rejeté par la nacre, elle transforme le greffon en "kechi", sorte de pépite de nacre.
Quand le nucleus est rejet, le greffon devient un kechi, une pépite de nacre.

Perle, kechi, nacre sculptée, mabé, perles, lisses ou sculptées, tous les usages du coquillage.


A Kamoka, environ 21 000 greffons sont installés chaque année, mais sur tous ceux-ci peu arrivent à devenir des perles de classe A ou B. La vie de perlicuteur n'est pas facile...

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