Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

mercredi 25 novembre 2015

Pêcheuse de perles

Pêcheuse de perles dans le Pacifique, voici quel a été mon nouveau rôle de wwoofeuse tour-du-mondesque. Une expérience que j'ai vécue grâce à un tchateur sur un forum de voyages, où il parlait de ses tribulations en bateau dans le Pacifique, et son étape à Kamoka Pearl Farm, dans l'atoll d'A'hé, sur l'archipel des Tuamotu. La magnifique perle noire, dont les teintes varient du gris cendré au bleu en passant le vert kaki, l'aubergine, voire le doré. Et peut-être même le blanc, parfois.

Kamoka, le lieu sans doute le plus étonnant que j'ai vu depuis le début de mon voyage: un motu battu par les vents, une ferme sur pilotis où l'on accède par un ponton étroit qui bouge sous les assauts du vent, un catamaran arrimé au ponton, des bungalows perdus dans les arbustes et les cocotiers, le mien donnant sur l'océan et son immensité grondante...
Maeva (bienvenue) à Kamoka, au bout du bout du monde.

Mon bungalow...

... et sa plage. Pour le sable blanc, il me faudra patienter quelques millions d'années, le temps que l'océan ait effrité le corail... Mais cela ne gêne pas la chienne Kuri.


Avec Patrick le fondateur de Kamoka, il y avait Timmy, greffeur, qui travaille ici depuis vingt ans, adorable de patience, Mickael, un grand gars ici depuis deux ans, et Mahiré, un sacré personnage avec sa crinière bouclée dorée qui surprend chez un Polynésien. Mahiré, c'était notre conteur, l'âme des Tuamotu... S'ajoutaient Dalilah, une Américaine échouée ici depuis quelques mois, ainsi que Petra, une wwoofeuse suisse, et moi.
Patrick recueille les perles des nacres.



Mahiré a attrapé un poisson perroquet; nous le dégusterons à la tahitienne, cru au lait de coco. 

Mickael réinstalle les nacres, Tuki, lui, est curieux comme une pie.
Une fois les perles greffées, Timmy les réaccroche afin de les remettre à l'eau.


A sa grande époque, Kamoka avait une trentaine de personnes, quand A'hé et Manihi, sa voisine, étaient les deux atolls rois de la perliculture. Mais la culture perlière a énormément souffert dans les années 2000; beaucoup de fermes ont mis la clef sous la porte, les autres survivent, hormis les grandes qui ont les reins solides. La raison? La surproduction principalement, qui a conduit à une chute des prix. Les fermes avaient poussé comme des champignons, A'hé en comptait jusqu'à 50,  - "Le lagon était couvert de bouées indiquant les élevages de nacres", me raconte un habitant - aujourd'hui il en reste une dizaine.

Notre travail a consisté principalement à accompagner Timmy sur les lieux d'élevage des nacres, pour les charger sur le bateau et les déménager, puis à les nettoyer. En effet, les nacres sont dans dans de grandes nasses de près de deux mètres, à 7 ou 8 mètres de profondeur, là où l'oxygène leur permet de grandir tranquillement. Le spectacle est étonnant, des grappes de nasses accrochées à perte de vue dans le bleu cobalt du lagon. Tout autour, des petits poissons grapillent les algues et coraux accrochés.

Timmy plonge, décroche deux nasses, et les petits poissons s'affolent: "Eh, on nous vole notre garde-manger!" Débandade générale, un chapelet se dépêche de rejoindre une autre nasse, d'autres suivent celles qui montent, et les indécis restent au milieu, regardant à droite et à gauche, puis nageant de toute la vitesse de leurs mini-nageoires pour rejoindre un des groupes, "oh hé, attendez-moi!" Spectacle comique sur fond bleu...
Une bonne partie du travail consiste à récupérer les nasses accrochées à 7 ou 8 mètres de profondeur. Timmy longe les décrocher, nous les mettons sur le bateau.

Nettoyage des nacres, ici par Dalilah.
Timmy, Dalilah, Petra et Mickael,l'équipe au travail.


Sur le bateau, il faut ranger les nasses de façon à ce qu'elles ne s'accrochent pas, les gants sont indispensables car les coraux sont coupants, et au bout de quelques jours je vais voir apparaître sur ma jambe droite des abcès; j'avais d'abord pensé aux nonos, ces petites mouches qui emportent un bout de peau en mordant, mais le vent est trop fort pour elles. Et les deux jambes seraient attaquées; en fait il s'agit des irritations provoquées par les coraux, les algues ou les anémones - les avis de mes interlocuteurs divergent - en tout cas j'ai l'impression d'avoir une gigantesque crise d'acné sur la jambe, beurk! Je les soigne à coup d'huile de tamanu, une plante cicatrisante.


Les nasses sont ensuite réaccrochées à 2 ou 3 mètres de profondeur, pour que de plus gros poissons nettoient les grillages, puis nous décrochons les nacres et les nettoyons. Ainsi, le travail sera plus facile pour le greffeur, et les nacres s'en porteront mieux elles aussi.
Mickael greffe des mabés, collés directement sur la nacre.





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