Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

vendredi 2 octobre 2015

Entre ile de Peter Pan et antre du colonel Kurtz

Ceux qui ont vu un jour Apocalypse Now ne peuvent oublier le repaire du colonel Kurtz, Marlon Brando. La jungle, l'obscurité, le feu, les tamtams, la folie.... Sur l'ile d'Ometepe, j'ai eu le sentiment de vivre cela l'espace d un soir. La finca El Zopilote, un  lieu totalement hors de tout, ferme bio et alternative, hébergement pour backpackers, des cabanes de bois et de paille perdues dans la jungle, des cours de yoga, une atmosphère étrange...

Venue un soir par hasard, manger dans le lieu, je suis tombée sur la pizza night. Tout le monde regroupé, toutes les langues parlées, et soudain les lumières qui s'éteignent, laissant la place à la lueur du four comme seule lumière dans les bruits et l'humidité de la jungle, les gens qui lèvent les bras en salut, des tamtams, et des jongleurs de feu.... Le colonel Kurtz aurait surgi de l'ombre que cela m'aurait semblé évident....

A El Zopilote, j'ai dormi dans un dortoir de paille et de bois, rencontré un photographe argentin qui traverse les USA et l'Amérique latine sur sa moto, partagé mon repas du soir avec des Anglais qui m'ont raconté leur traversée du Honduras en bus, pays réputé dangereux pour ses bandes armées qui attaquent les voyageurs. Ils ont ainsi vécu les hommes plantés au milieu de la route avec des pelles et les chauffeur de bus leur roulant presque dessus pour ne pas avoir a s'arrêter....

Ometepe, l'île que l'on ne quitte jamais...


Mes deux autres nuits a Ometepe, je les ai passées a Little Morgan's, drole de mélange de Pirates des Caraibes et d'ile de Peter Pan. Tenu par un Irlandais, on y dort dans un dortoir construit dans un arbre, et tout y est vie sans souci, entre bières et joints. Ici, on a l'impression que le monde réel n'existe pas. Jo était sensé y passer trois jours comme client, il y est depuis deux ans et y travaille; idem pour Becky, ses quinze jours sont aujourd'hui six mois. Reviendront-ils un jour à la vie réelle, ou auront-ils succombé au pouvoir d'attraction d'Ometepe qui en a déjà attrapé plus d'un?

Cette ile, sur le lac Nicaragua (Cocibolga), est un hâvre de verdure, de tranquillité, dominé par deux volcans, Maderas et Concepcion, ce dernier au cône parfait, et on y est hors du temps...  Le premier soir, nageant dans le lac tiède, avec un jeune couple néo-zélandais, nous avons pu admirer Concepcion coiffé d'un nuage lui aussi en cône parfait, comme un chapeau chinois géant, un spectacle de toute beauté.

Ometepe, c'est aussi un lieu où les gens sont accueillants, pas  comme Granada qui souffre d'être une ville touristique et son lots de gens intéressés uniquement par l'aspect financier des touristes (j'en sais quelque chose...); non, Ometepe, c'est un tourisme rural, doux, des habitants qui aiment leur île et veulent qu'elle reste ainsi; je salue les gens et ils me répondent avec le sourire, on rit ensemble... J'ai mangé dans une pulperia comme j'aime le faire souvent, et la dame m'a montré la photo d'un de ses fils, marié à une Finlandaise qu'il a rencontrée lorsqu'elle aussi venait manger a la pulperia. Elle est heureuse pour lui, mais ne les a plus vus depuis deux ans puisqu'ils vivent en Finlande, et elle n'a jamais vu sa petite-fille. Peut-être viendront-ils en  novembre, peut-être....

 

Petits moments de partage 


Sur le ferry me ramenant  sur le continent, j'ai discuté avec Terry, un Américain qui, depuis qu'il est divorcé et que ses enfants sont grands, profite de la vie pour voyager. "Avec ma femme, c'était six valises pour un seul week-end", me dit-il en riant; lui n'a qu'un petit sac et voyage en moto. Ces rencontres d'un instant avec des gens que l'on ne reverra jamais sont souvent les moments où on peut parler librement, se confier, car on sait que l'autre n'utilisera jamais ce que l'on a raconté... Et on partage des trucs, des avis sur les lieux visités, sur la vie, sur notre passé, nos rêves....

Et ensuite, eh bien... Je suis retournée à Granada! Et oui! Pour me dire que la ville ne me faisait pas peur et que j'avais accepté ce qui s'était passé, pour repasser une nuit à Boca en Bàoca, où je pouvais me sentir en terrain connu, et pour - qui sait? - retrouver mes voleurs et leur parler, leur demander de me rendre au moins la carte mémoire de l'appareil photo s'ils l'avaient encore... Oui, je sais, je rêve (en général, la première chose qu'ils font est de détruire les cartes mémoire, car ce sont des preuves du vol), mais au moins j'aurai essayé.

En fait, je l'avais déjà tenté deux fois tout de suite après l'agression, car j'avais appris que les bandes ont chacune leur rues. C 'est là que j'étais tombée sur eux, mais que j'avais été tellement sous le choc de les voir me faire un grand salut moqueur que j'avais réagi trop tard pour les appeler. Le lendemain, il pleuvait, ils n'étaient pas venus.

Deux messieurs assis sur le perron...


Hier soir, j'y suis donc retournée, et hélas, ils étaient passés une demi-heure avant, m'ont dit deux messieurs assis sur le perron d'une maison, et je ne les ai pas revus. Mais cela m'a permis de passer une heure assez croustillante avec ces deux messieurs, qui se sont mis à me raconter toutes les agressions qu'il y a,  dans telle et telle rue: "Ah oui, il y a un mois, un docteur ici; et puis là, un Japonais sur la plage; et puis là encore... etc, etc." Bref, nous avons papoté joyeusement pendant une heure, tout en guettant d'éventuels deux jeunes sur des vélos. Je n'ai pas revu mes voleurs, mais j'ai passé une excellente soirée!

Aujourd'hui, assise au bord de l'eau de la laguna de Appoyo, un lac d'eau limpide  dans un cratère de volcan, avant de reprendre le bus pour Managua, direction le grand centre commercial Metro centro pour essayer de voir ce qu'ils ont comme smartphone. Sauf que.... L'ambassade m'a laissé peu d'espoir de recevoir ma carte bancaire avant encore un sacré bout de temps. Comment racheter au moins un smartphone? L'appareil photo et l'ordi, je préfère ne pas y songer; et comment faire pour payer mon voyage au Guatemala, où je dois wwoofer durant quinze jours?

Je ne sais pas.... Je crois que ce week-end je vais retourner à Matagalpa et refaire les trois heures de bus pour 40 kilomètres, les deux heures de marche dans la boue, pour retourner à El Yunque, revoir les gens que j'a aimés. Cela ne servirait à rien de rester coincée à Managua....

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