Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

mardi 16 février 2016

Mont Koyasan, la sérénité d'une nuit dans un monastère

Merci à Danielle, une amie qui m'avait parlé de sa très belle expérience d'une nuit dans un monastère au Japon. Grâce à elle, j'ai aussi vécu ce moment de calme et de sérénité, au mont Koyasan, haut-lieu du bouddhisme shingon au Japon, abritant 117 monastères, dont un certain nombre accueillent les voyageurs. Le lieu est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco.

La montée au mont Koyasan a été simplifiée depuis les premiers pèlerinages.


J'ai ainsi dormi au monastère Shojoshin, au pied de l'Okuno-in, un cimetière de 200 000 tombes qui mène au mausolée du bonze Kukai, fondateur du bouddhisme shingon vers l'an 800.

Si le monastère n'est pas chauffé, ma chambre - admirablement décorée de peintures et dans un ordre parfait, chaque objet placé minutieusement de façon à être beau - l'était, avec même une bouillotte pour le lit. Un cocon de chaleur dans l'hiver... Seul objet incongru, la télé à écran plat. La méditation s'accompagne manifestement parfois de distractions...

Le monastère Shojoshin...

Avec son jardin serein...

Et son lieu pour les ablutions.

Ma chambre douillette dans l'hiver.

En fait, les moines sont invisibles, nous ne  les rencontrons qu'à l'office du matin, auquel nous avons le droit d'assister. Le reste du temps, on est seul, pour méditer, se reposer... J'ai mangé dans une pièce également chauffée pour moi, une cuisine végétarienne savoureuse, nourrissante et, là encore, un vrai plaisir pour les yeux... Sentiment étrange d'être seule ainsi, servie avec déférence, mais sentiment agréable, avec l'envie de respecter ce lieu et son calme, de m'y fondre. Si l'on excepte un groupe de Français, mangeant dans une autre pièce et parlant, euh, assez fort.... Mais nous avons vécu nos vies chacun de notre côté.


Le repas du soir: un plaisir pour les papilles comme pour les yeux.

Chaque aliment est présenté avec une délicatesse minutieuse.

Idem au petit déjeuner.

Je ne sais pas si les moines ont également droit à cela, mais j'ai pu prendre un bain "à la japonaise" merveilleusement délassant: dans le lieu tout en bois, on se lave entièrement avant le bain à l'ancienne, avec un bol de bois que l'on verse sur  soi, avant de plonger dans une eau presque brûlante...

Le bain brûlant, où l'on se plonge après s'être entièrement lavé avec l'écuelle de bois, assis sur son tabouret.


Dans la nuit glaciale je suis montée au mausolée, et, tout comme au sanctuaire Fushimi, j'ai senti cette même tranquillité à être ainsi en pleine nuit environnée de ces milliers de tombes. J'ai vraiment été frappée par cela: dans un cimetière chrétien j'aurais peur; ici dans ce cimetières bouddhistes, nulle peur. Le chemin bordé de lanternes, les conifères centenaires, les immenses tombes de dignitaires comme les minuscules tombes d'anonymes, tout respirait la tranquillité. Et lorsque je suis arrivée au mausolée, lieu sacré, j'ai ressenti une bienveillance, une chaleur qui m'ont émue. Dans l'enceinte du mausolée, je ne ressentais plus le froid...   Est-ce lié? Kukai était aimé de son vivant car il était profondément bienveillant. Ce moment restera marqué en moi pour toujours...







Même sérénité pour dormir puis lors de l'office de 6h30 le matin, avec trois moines psalmodiant, au son d'un bol tibétain.

J'ai été d'autant plus heureuse d'être allée la nuit au mausolée que, dans la journée, je n'étais évidemment plus seule. Mais même ainsi, le lieu garde cette paix  bienveillante.






Au-delà de ces statues, on pénètre dans le mausolée lui-même, lieu sacré, où les photos sot interdites et où j'ai été entourée la nuit par une chaleureuse bienveillance.

Les statues sont toujours honorées, et protégées des aléas de la météo: soleil...

Ou froid...

Avec parfois une certaine dose d'humour: ainsi, ce bavoir décoré des Peanuts. 


Le Mont Koyasan comprend également le Kongobu-ji, quartier général, si l'on peut dire, du bouddhisme shingon, ainsi que le ganjodaran, où se trouvent les principaux temples du mont, dont un pagode vermillon. J'avoue que le ganjodaran ne m'a pas émue; le froid mordant, le site désert, la nature endormie et les arbres nus m'ont laissé plus une impression auguste mais froide d'ennui, comme si le lieu n'était pas "habité". Heureusement, le moment où les moines font sonner l'énorme cloche a redonné de la vie au lieu: un jeune bonze apprenait à la faire sonner; du coup nous avons eu droit au  son profond de la cloche de multiples fois, et au rire de l'apprenti et de son maître.


Gardien du temple. 

Pureté d'un jardin zen, représentant un dragon au-dessus d'une mer de nuages.




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