Wwoof autour du monde

C'est l'histoire d'une journaliste qui va se nettoyer les neurones durant un an en faisant du wwoofing autour du monde.

Pour ceux qui ne connaissent pas, wwoofing: willing workers on organic farms, c'est-à-dire aider des agriculteurs bio et en échange être logé et nourri.

Pourquoi du wwoofing? Parce qu'il combine tout ce que j'aime: la nature, le grand air - ah, les mains dans la terre, finir sa journée crottée - les voyages, les rencontres... Et surtout, je n'avais pas envie de "voyager pour voyager", mais trouver un fil conducteur et apporter ma petite contribution à une autre façon d'envisager notre monde.

Attention! Ce n'est pas un travail journalistique que je fais ici, je ne prétends pas à l'exactitude, mais au partage de ce que je vis. Pour le plaisir, simplement...

dimanche 3 avril 2016

New Life: le voyage intérieur

Comment raconter un voyage intérieur ? Il est tellement personnel, tellement intime… Ce voyage est celui que j’ai choisi de faire, à New Life, près de Chiang Rai, en Thaïlande. Cette étape sera sans doute un des moments les plus importants de ce tour du monde. Après avoir voyagé neuf mois de par le monde, le moment était venu en effet pour moi de voyager au plus profond de moi-même. Le voyage sans doute le plus dur de tous, car il implique d’affronter ses peurs, ses côtés sombres que l’on cache, mais aussi le plus enrichissant de tous pour peu qu’on arrive à l’affronter.


Le destin a placé New Life sur mon chemin au moment où il était sans doute le plus nécessaire : je sentais une certaine lassitude du voyage, la curiosité commençait à s’émousser, le plaisir de discuter avec les gens croisés sur mon chemin disparaissait, j’avais besoin de me poser dans un lieu. Et il était temps pour moi aussi d’intégrer tout ce que j’avais vécu et de tout doucement préparer mon retour en essayant de le rendre le plus bénéfique possible. Ce qui impliquait ne pas retomber dans le piège du stress, du travail à outrance qui avait mené au burn out et à ma décision de prendre le large durant un an. Retomber dans ces travers signifierait que mon voyage perdrait une partie de son sens…

Relaxez-vous et soyez présent


New Life est un lieu qui utilise la pleine conscience pour aider les gens à (re)trouver l’équilibre dans leur vie suite à un traumatisme, une désintoxication d’addictions, un stress, un burn out, une dépression, ou simplement pour aider ceux désireux d’avancer sur le chemin de leur développement personnel et de la connaissance d’eux-mêmes. La pleine conscience, essence même de la méditation bouddhiste (« vipassana »), consiste à être dans l’instant présent, que ce soit dans notre corps, notre esprit, ou avec le monde extérieur. Chose difficile à atteindre, notre mental étant toujours attaché à ruminer le passé ou à s’interroger sur le futur.

Porter son attention sur sa respiration, ne pas s’attarder sur une pensée mais la laisser tranquillement partir, sentir une fleur et savourer pleinement son odeur, gouter chaque bouchée du repas que l’on mange au lieu de distraire son esprit avec un livre ou son smartphone, voici des exemples de pleine conscience : « Je suis là, à cet instant présent, et je vis cet instant pleinement. » Ou, comme le résume avec humour un de ses maîtres, Thich Naht Hanh: "Relax, and just be present".

Soigner l'être intérieur


New Life a été créé par Johan Hansen, un entrepreneur belge cocaïnomane; après être allé de cure de désintoxication en cure de désintoxication, qui soigne le corps mais pas l’être intérieur, il a découvert le bouddhisme et les capacités de guérison de la méditation et de la pleine conscience. Johan a souhaité créer un lieu où les gens pourraient « se retrouver eux-mêmes » afin de ne plus retomber dans la spirale des addictions, et l'ouvrir à tous ceux désireux de changer leur vie.

Il a donc acheté un terrain près de  Chiang Rai. New Life est né en 2010, et depuis, quelque 2000 personnes du monde entier y sont venues, soit comme résidentes, soit comme volontaires pour gérer le quotidien du lieu; chacun participe à la vie en communauté et a le soutien, la confiance des autres.

Travail sur soi et travail concret s'y mêlent, suivant le principe selon lequel être utile à la communauté est également un moyen de cultiver l'estime de soi: sur les 25 hectares de terrain, la culture du riz, des fruits, des légumes permettent de nourrir la communauté, des vaches fournissent le lait et des canards les oeufs, les bâtiments en brique naturelle sont également construits en collectivité, etc...


Lorsque j’ai vu les informations sur New life sur le site de Wwoof Thailande, j’ai très vite su que je voulais venir wwoofer ici. Il y a quelques années, j’avais déjà commencé ce chemin vers moi-même auprès de gens qui suivaient le même type d’enseignement, et cela m’avait fait profondément du bien. Mais le burn out était passé par là et avait mis à mal cette dynamique positive que j’avais tant aimée. Je souhaitais partager de nouveau ces moments, et New Life me permettait de combiner ce besoin et le thème de mon voyage autour du wwoofing.

Cultiver l'amour de la terre et l'amour de soi


Très vite, en y arrivant, j’ai su que je voulais aller plus loin que mes deux semaines de volontariat, et y devenir résidente afin de mener entièrement ce travail sur moi-même en participant aux ateliers de thérapies diverses (art-thérapie, écoute bienveillante, éveil des émotions, etc). Cultiver l’amour de la terre en même temps que l’amour de soi, une idée merveilleuse…

Cela fait maintenant un peu plus de deux semaines que je suis là, je raconterai sans doute peu ce que je vis ici, parce que le travail que nous partageons ici, résidents comme volontaires, l’écoute, l’empathie, les émotions, les peurs, les joies, ce voyage intime que nous faisons tous, repose sur la confiance que ce que chacun de nous révèle sur soi reste du domaine de la confidentialité.

Je n’ai pour le moment fait qu’une seule photo, celle d’un dessin affiché dans la salle à manger et que j’adore car il résume exactement ce que nous vivons tous ici – comme quoi le voyage spirituel n’empêche pas l’humour. Peut-être en ferai-je d’autres, peut-être pas, la vie décidera…



Les yogis anglophones reconnaîtront la "warrior pose", ou posture du guerrier... ;-)

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