Un festival de couleurs avec les saris chatoyants des
femmes, une langue qui roule sur la langue comme un bonbon qu’on suce, des
conducteurs de cyclos qui circulent dans tous les sens avec la main en
permanence sur le klaxon, les rickshaws, la foule, les odeurs de curry qui se
mêlent à celles de l’encens des temple, bienvenue en Inde ! Pour moi,
l’introduction à l’Inde s’est faite via la toujours très française Pondicherry
grâce à un ami de mes années étudiantes à Lyon, Patrick Guicherd, qui y vit
avec sa femme Brigitte et leurs enfants Jade et Louis.
Pondicherry ?
D’abord, une chaleur qui vous tétanise. Mai est parmi les mois les plus chauds,
et cette année encore plus : 35 d° et, avec l’humidité, un ressenti de 50
d°. A peine sorti de la douche qu’on l’on poisse de nouveau de sueur ;
dans la journée, on est incapable de rien faire, le cerveau transformé en
chou-fleur bouilli.
Rue Suffren, rue Surcouf, couvent de Cluny…
Il n’empêche que j’ai aimé la ville, son ancien quartier
français a un charme incroyable, avec ses anciens bâtiments aux couleurs pastel
délavées par le climat, ses arbres qui donnent une fraicheur bienvenue - et
encore, le cyclone de 2011 en a détruit un grand nombre – ses magasins d’art,
d’artisanat, ses multiples persistances de la France : partout on tombe sur les
« douanes », les « travaux publics », le monument aux
morts, la statue de Dupleix, le couvent de Cluny, le lycée français, l’église
du Sacré-Cœur, les rues s’appellent rue Suffren, rue Surcouf, rue Bussy, rue du
Petit Canal (ou Petit Canal street)…
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Bienvenue, signifient les dessins sur le sol. |
Comme partout dans le pays, les rues fourmillent de petits
commerces, mais on ne trouve pas en Inde du Sud tout ce qui peut nous faire
rejeter l’Inde : les gens qui défèquent et meurent dans la rue, les
mendiants qui vous montrent leurs membres atrophiés, la saleté, tout ceci se
trouve dans les mégapoles infernales du nord, Dehli, Calcutta, etc.
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Délicieuux petit-lait à la coriiandre et au persil; si rafraichissant dans la moiteur. |
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Le cordonnier qui m'a fait des chaussures faites main pour 7 euros. |
Le soir, les Pondicherriens se retrouvent tous sur l’avenue
qui borde le golfe du Bengale, pour savourer la brise rafraichissante et
regardant l’océan ou en prenant des selfies devant le monument de Gandhi. Sur
un banc, un homme âgé, barbe fine et petit chignon, m’a parlé spiritualité, un
autre m’a parlé des problèmes de politique du pays, un jeune garçon m’a lu les
lignes de la main durant un quart d’heure (c’est fou ce qu’une main peut être
bavarde… )…
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Mon petit liseur des lignes de la main (je suis comme un lotus, je vogue au gré du courant, etc, etc...) et les deux jeunes qui ont traduit. |
Ganesh, Sri Aurobindo et la Mère
La spiritualité est ici encore plus présente qu’en
Thaïlande. Déjà avec les temples dravidiens typiques du sud de l’Inde, sorte de
gâteaux multicolores présentant tout le panthéon de l’hindouisme. J’y ai
assisté à une cérémonie dans les vapeurs d’encens (cela m’a valu de me griller
la plante des pieds en sortant, Kartic, mon chauffeur de rickshaw, ayant
préféré garder mes sandales pour éviter qu’elles soient volées ), j’ai été
invitée par une famille à manger le plat de riz que tous mangeaient assis par
terre dans le temple à l‘occasion d’un mariage, j’ai offert à Ganesh, le dieu à
tête d’éléphant, un collier de jasmin ainsi que des bananes et de la noix de
coco pour l’éléphante qui bénit les gens de sa trompe contre quelques roupies…
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Colliers de jasmin en offrande. |
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Les marchands du temple... |
Sur un banc dans le parc Barathi, un ingénieur de New Delhi
m’a aussi parlé de son choix de quitter son travail pour venir à Pondicherry, à
l’ashram de Sri Aurobindo, un des gourous indiens les plus célèbres, vénéré par
des millions de personnes. Avec « la Mère », une Franco-polonaise, ils
prônaient un yoga intégral, infusant chaque instant de la vie. L’ashram occupe
tout un quartier de la ville française, reconnaissable avec ses murs gris à
festons blancs et le tombeau de Sri Aurobindo est un lieu de pélerinage.
La Mère est à l’origine de la création d’Auroville, sans
doute le seul exemple d’une communauté issue de l’esprit des années 70 et ayant
réussi à survivre à l’épreuve du temps. A la sortie de Pondicherry, la
communauté comprend quelque 2000 Aurovilliens originaires du monde entier, auxquels
s’ajoutent des stagiaires, des hôtes, les visiteurs. Car la communauté est
ouverte au monde, on peut la visiter, y acheter des produits bio de toute
sorte, y suivre des ateliers de yoga, d’ayruveda ou autres, y passer la
journée… J’irai d’ailleurs y passer quelques jours juste avant mon retour en
France.
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